Chopin – Berceuse – Discographie comparée
Chopin – Berceuse – Discographie comparée (en bleu ajouts février 2019)
En furetant sur le net, j’ai trouvé ça chez Gramophone à propos de la Berceuse qui figure sur l’album des Nocturnes par Pascal Amoyel :
"I also hoped that would be true of the Berceuse Op 57 that opens disc one, but, no; by the tenth time around, the interpretation still sounded foursquare and boring". (Jed Distler)
(la 1ère fois que j’ai entendu cette version, je l’ai remise 3 fois tellement cela m’avait ébloui, mais écouter « 10 fois » quelque chose que l’on n’aime pas…).
Je m’en vais donc faire un survol « complet » des versions de la Berceuse auxquelles j’ai pu avoir accès… soit plus de 130. Je les écoute par ordre alphabétique avant de faire un point sur les meilleures (à mon oreille). La pièce est marquée Andante, le minutage varie pourtant de presque 3′ à plus de 6’… (les enregistrements trop précaires de son sont notés Hors Côte).
Rebecca Aarons (un faux-nez ?) – 2014 – 5’08 »
Ce n’est pas très beau pianistiquement, le rythme n’est pas toujours tenu, le toucher est assez plat. 6,5
Alfonso Alberti (1976*) – 2005 – 3’50 »
Un beau toucher, un tempo qui fonctionne, manque un peu de raffinement. 7,5
Pascal Amoyel (1971*) – 2004 – 5’14 »
La poésie… dès la première note du thème, on est emporté par la luminosité intérieure, la constance du rythme – une vraie berceuse, l’égalité du toucher, le respect des indications. Je persiste : miraculeux – Sorry Jed Distler. 9
Jean-François Antonioli (1959*) – 2015 – 4’56 »
Très beau toucher, des couleurs, c’est plus extraverti, plus pour l’oreille que le cœur. 8
Vladimir Ashkenazy (1937*) – 1977 – 4’58 »
Beaucoup d’atmosphère, grand piano, un peu de rubato, très beau. 8,5
Vladimir Ashkenazy (1937*) – 1999 – 5’18 »
C’est moins bien, le toucher est moins assuré, le discours plus relâché. 7,5
Stefan Askenase (1886-1985) – 1969 – 4’52 »
C’est magnifique, assez rubato mais sans excès, d’une grande délicatesse de toucher, un respect de toutes les indications, peut-être plus un rêve qu’une berceuse. 9
Alwin Bär (1941 – 2000) – 1982 – 5’06 »
Timbres charnus, tempo perçu lent, très belle ambiance. 8
Adolfo Barabino (19??*) – 2014 – 4’50 »
Timbres « ouatés », beaucoup de sensibilité (superbe introduction du trille mes. 19), tout est un peu trop nimbé, mais c’est très beau. 8
Daniel Barenboim (1942*) – 1977 – 4’43 »
De bien belles choses, mais c’est un peu extérieur. 7,5
Daniel Barenboim (1942*) – 2010 – 4’48 »
Live – De nombreux petits rallentendi, mais c’est la grande classe. 8,5
Giovanni Umberto Battel (19??) – 2015 – 5’47 »
Lent, son étouffé, ce n’est pas une barcarolle !, on perd le rythme de base en route. 6,5
Harold Bauer (1873-1951) – 1939 – 4’04 »
Le son est tellement mauvais qu’on a l’impression d’avoir des arpèges à la place des notes. De grands moyens, un art des phrasés, fin un peu délaissée. 7,5
Alexander Brailowsky (1896-1976) – 1938 – 4’35 »
La durée des notes importait peu ! ça fait plutôt barque sur l’océan… mais c’est du grand piano. 7,5
Alexander Brailowsky (1896-1976) – 1959 – 4’25 »
Encore rapide, c’est joli. 7,5
Joanna Brezezinska (1964*) – 1996 – 6’28 »
Avantage : on a largement le temps de suivre la partition à ce tempo ! mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt. 6,5
Gianluca Cascioli (1979*) – 2004 – 4’17 »
Piano lointain, tout part un peu dans tous les sens (et pourquoi arpéger le dernier accord ?). 6
Yin Chengzong (1941*) – 1998 – 5’03 »
On espère ne pas intervertir nom et prénom. Beaucoup de présence, subjectivement un peu lent peut-être. 8
Frederic Chiu (1964*) – 2004 – 4’38 »
Rien à dire, c’est bien fait, un peu trop de pédale ressentie. 7,5
Karen Lund Christiansen (19??) – 2010 – 4’41 »
Apparemment une professeur de piano danoise. Toucher un peu lourd, passage en doubles croches un peu claudiquant. 6,5
Alfred Cortot (1877-1962) – 1949 – 4’08 »
Il existerait 4 enregistrements pour HMV : 1920, 1926, 1949, 1954.
C’est un peu rubato, la clef me semble bien plutôt de garder un rythme immuable, on manque ainsi un peu de poésie et de clarté malgré une certaine éloquence. 8
Eugen d’Albert (1864-1932) – 19?? – 3’18 »
Le pianiste « centaure », moitié homme, moitié piano… On n’entend pas grand’chose, si ce n’est une sorte de virtuosité liquide impressionnante. HC
Jeanne-Marie Darré (1905-1999) – 1965 – 5’03 »
Élève d’Isidor Philipp et Marguerite Long, elle a travaillé avec Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns et Maurice Ravel.
Clarté, délié, assez rubato, mais c’est très prenant. 8,5
Bernard d’Ascoli (1958*) – 2012 – 4’55 »
C’est très bien joué, fidèle aux indications, mais manque un peu de personnalité. 7,5
Pietro De Maria (1967*) – 2011 – 4’51 »
Superbes doigtés, version très dolce, pourtant très « droite ». Pas très personnel, mais très beau. 8
Alex de Vries (1919-1964) – 1957 – 4’45 »
Mon ordre alphabétique laisse à désirer. On ne sait pas grand’chose sur ce pianiste belge – bio en anglais.
Il y a des variations de rythme à chaque phrase, sans grand intérêt. 6
Emmanuel Despax (19??*) – 2017 – 5’02
Très recueilli, quelques contrechamps bien sentis, mais ça reste un peu « en dedans ». 7,5
Lim Dong Hyek (1984*) – 2016 – 5’02
Superbe pianisme, c’est très beau, un peu statique à mon goût. 8
Peter Donohoe (1953*) – 1993 – 4’24 »
Disponible dans l’album « Classics For My Baby »… Très propre, pas de rubato, simplicité, très belle fin. 8
François Dumont (1985*) – 2012 – 5’09 »
On a pu récemment apprécier ses qualités de chambriste avec Elsa Grether. Très beau piano, léger rubato, fin un peu trop ‘morendo’ Une belle version. 7,5
Detlev Eisinger (1957*) – 2004 – 4’58 »
Disponible dans l’album « Quiet Classics Relaxing Classical »… C’est pourtant l’évidence même, on le sent dès le premier triolet du thème : pas de faux abandon, le rythme est soutenu de bout en bout et l’intérêt aussi. 9
Nami Ejiri (19??) – 2009 – 5’37 »
Que c’est lent, avec des nuances dans chaque mesure, c’est élégant mais me paraît hors de propos (la fin en pâmoison…). 7
Abdel Rahman El Bacha (1958*) – 2005 – 4’54 »
Belle articulation, rythme un peu lâche, de beaux phrasés, très belle fin, mais ce n’est pas très passionnant. 7,5
Hans Fazzari (19??) – 2015? – 5’03 »
Peu d’information sur ce pianiste italien. C’est hésitant, maniéré, encore une barque sur l’océan. 6
Vladimir Feltsman (1952*) – 2011 – 5’09 »
Superbe sonorité, le tout est très bien tenu, aucun effet de virtuosité ou excès d’intention. 8
Jan Florio – 19?? – 2013 – 5’10 »
Aucune information sur ce pianiste, le CD est intitulé « R.W. Venezia » (?). C’est assez hésitant, pas toujours très égal. 6
Nelson Freire (1944*) – 1976? – 4’32 »
Thème superbement conduit, toucher perlé, lumineux, une version onirique. 9
Nelson Freire (1944*) – 2014 – 4’08 »
Plus de 48 ans plus tard… C’est un peu plus rapide, toucher toujours admirable, peut-être un peu de poésie en moins. 8,5
Nelson Goerner (1969*) – 2015 – 4’23 »
Tout est parfait, stabilité du motif à la basse, respect des indications, qualité du toucher, mais on ne se sent pas très emporté. 8
Melissa Gore (19??*) – 2017 – 5’10 »
Un peu littéral et timide. 7
Elina Gotsouliak (19??) – 2010 – 4’47 »
Belle interprétation, dommage qu’elle ralentisse à partir du sustenuto. 7,5
Hélène Grimaud (1969) – 2005 – 4’51 »
Superbe, très ‘berceuse’ avec un thème énoncé un peu sur la pointe des pieds. 8,5
Cor de Groot (1914-1993) – 1956 – 4’40 »
Pianiste et compositeur néerlandais qui ne pourra se servir de sa main droite à partir de 1959. Beaucoup d’effets (prolongement de la première croche du thème, etc). 6,5
Friedrich Gulda (1930-2000) – 1948 – 4’18 »
Rythme tenu, douceur, légèreté, une des plus belles fins. 8,5
Joseph Hofmann (1876-1957) – 1929 – 3’39 »
(Józef Kazimierz Hofmann). C’est en public (!), ça va à toute vitesse, il arrange la fin en mettant un glas à la place de l’accompagnement, c’est tout de même épatant. HC
Mieczyslaw Horszowski (1892-1993) – 1980 – 4’22 »
Le livret de la Discothèque idéale indique 1980, Qobuz 1926 et on en trouve une sur Youtube « The 1940 Vatican Recordings, Live USA Recordings 1957-79 (Pearl) ». Il s’agit en fait de 1980 réédité par Arbiter. On dirait un grand-père qui nous raconte des histoires d’antan, c’est très poétique, juste une tendance à ralentir les fins de phrase. 8,5
Eugen Indjic (1947*) – 1990 – 4’28 »
Encore une très belle version, lettre impeccable, belle sonorité, lecture très poétique. 8,5
Andrei Ivanovi(t)ch (1968*) – 2012? – 4’25 »
Il faut la trouver celle-là (« the great-grandson of the legendary Romanian composer Ion Ivanovitchi, who wrote more than 100 waltzes including the Waves of the Danube »).
Le toucher n’est pas toujours égal, pas très intéressant. 7
Lotte Jekéli (19??*) – 2012? – 4’48 »
Une très belle version, pas très bien enregistrée sur un piano moyen, mais on là une vraie berceuse. 8
Eileen Joyce (1908-1991) – 1939 – 4’19 »
Célèbre pianiste d’origine australienne qui put donner la même soirée « Chopin’s No. 1, Rachmaninov’s No. 2, the Concerto by John Ireland and Beethoven’s ‘Emperor’ »…
C’est remarquable, c’est sans doute elle qui fait le mieux ressortir le thème dans les premières variations. 8,5
Teresa Kaban – (19??*) – 2013 – 5’44 »
Pianiste polonaise. Du beau piano, mais c’est trop lent pour vraiment concerner. 7
Hans Kann (1927-2005) – 1999 – 4’10 »
Ce pianiste et compositeur autrichien aurait enregistré plus de 120 disques. Toucher très marqué, assez péremptoire, une berceuse qui ne risque pas d’endormir. 7,5
Julian von Karolyi (1914-1993) – 1952 – 4’21 »
Élève de Dohnanyi et Cortot. De l’abbatage, mais c’est assez extérieur. 7,5
Julius Katchen (1926-1969) – 19?? – 4’26 »
Très beau piano, mais n’intéresse guère. 7,5
Wilhelm Kempff (1895-1991) – 1945? – 5’02 »
C’est bien « le poète du piano », lecture toute en intériorité. Son correct. 9
1959 – 4’54 » (Decca) : c’est presque pareil, mais paraît moins poétique que la précédente. 8
Evgeny Kissin (1971*) – 1999 – 4’41 »
Son un peu noyé, assez ennuyeux. 7
Paul Komen (19??*) – 2002 – 4’37 »
C’est très bien, de légers rallentendo dans les phrases. 7,5
Maria Korecka-Soszkowska (19??) – 2014 – 4’53 »
Des accents intempestifs, un peu maniéré, mais une lecture assez attachante. 7,5
Alicia de Larrocha (1923-2009) – 1975 – 4’49 »
Sonorité assez désagréable, un des meilleurs passages en doubles croches, une belle version. 7,5
Danielle Laval (19??*) – 197? – 4’35 »
Passage en arpèges moyen, un peu extérieur. 7
Mi-Young Lee (19??) – 2010 – 4’37 »
Apparemment publié à compte d’auteur. Pas mal d’intentions, technique un peu quelconque. 6,5
Anna Lena Leyfeldt (19??*) – 2014 – 4’09 »
Qui est-ce ? Toucher pesant, c’est assez pénible. 4
Konstantin Lifschitz (1976*) – 1990 – 4’53 »
De belles choses, un beau toucher, mais c’est assez extérieur. 7
Donghyek Lim (1984*) – 2015 – 4’27 »
Très extérieur. 7
Nikita Magaloff (1912-1992) – 1955 – 4’49 »
Variations de tempo, piano assez chatoyant. 7,5
1977 – 4’20 »
C’est joué plus droit, mais n’est guère plus passionnant. 7,5
Milosz Magin (1929-1999) – 1974 – 4’22 »
Retour d’une version au rythme tenu, très beau son, même si ce n’est pas le toucher le plus sophistiqué entendu. 8
Jean-Pierre Marty (1932*) – 1958 – 5’12 »
Ça fonctionne tellement mieux quand on n’y met pas d’intentions personnelles : pas le pianiste du siècle, mais un grand sens du rythme, très belle version. 8
Anne-Marie McDermott (19??) – 2011 – 5’06 »
Nuances un peu exagérées parfois, mais c’est très beau. Une des rares à marquer l’accent mesure 54. 8
Dominique Merlet (1938*) – 2010 – 4’35 »
Tempo un peu fluctuant, belle version. 7,5
Arturo Benedetti Michelangeli (1920-1995) – 19?? – 4’15 »
Il y aurait plusieurs versions. Je n’ai eu accès qu’à une non datée (et à une autre quasi inaudible). C’est évidemment remarquable de toucher de couleurs d’esprit. Chaque variation est comme sculptée. Juste une idiosyncrasie : le « do bémol » très appuyé des mesures 55 & 57. 8,5
Ici une vidéo non datée :
Ivan Moravec – (1930-2015) – 2003 – 5’01 »
Toucher splendide, une vraie berceuse, magnifique. 9
Jon Nakamatsu (1968*) – 1998 – 4’11 »
Encore une très belle version à peine moins poétique que la précédente. 8,5
Heinrich Neuhaus (1888-1964) – 19?? – 4’24 »
Grande classe, quelques libertés, impressionnant. 8,5
Stanislas Niedzielski (1905-1975) – 1958 – 4’53 »
Pleurage, belle version un peu extérieure. 7,5
Cyprian Nimka (19??) – 2015 – 3’44 »
Pianiste inconnu. Un piano midi, un clavecin ? Une casserole plutôt. 2
Guiomar Novaes (1896-1979) – 1956 – 4’29 »
Le toucher n’est pas toujours aussi maîtrisé que chez d’autres (un la # parfois envahissant à la main gauche), mais c’est très prenant. 8,5
Polina Osetinskaya (1975*) – 2015 – 5’07 »
Belle version, ressentie un peu lente. 8
Ignacy Jan Paderewski (1860-1941) – <1930 – 3’53 »
Un témoignage assez émouvant, on pouvait jouer droit sans rubato et sans en rajouter à l’époque… HC
Josef Palenicek (1914-1991) – 1959 – 4’05 »
Beau toucher, délicatesse, mais c’est un peu rapide et mal enregistré. 7,5
Evgenia Papadimas (19??*) – 2009 – 5’01 »
Rien à dire, mais pas très prenant. 7,5
Irene Peery-Fox (19??*) – 2000 – 4’40 »
Toucher bien sec. 7
Murray Perahia (1947*) – 1985 – 5’01 »
Il n’a plus de site apparemment. « Poète du piano » : c’est bien ça, dommage que le piano soit par trop nimbé, tempo et dynamiques idéals. 8,5
Javier Perianes – (1978*) – 2014 – 4’21 »
Piano un peu noyé, ça commence bien, puis il accélère c’est dommage, beaucoup de qualités et de personnalité. 7,5
Vlado Perlemuter (1904-2002) – 1962 – 4’48 »
D’origine polonaise. Tout est énoncé simplement, pas le plus beau piano du monde, mais tout est dit avec naturel. 8
1982 – 4’22 »
L’évidence et la clarté, peut-être trop clair ? (la fin). 8,5
Maria Perrotta (1974*) – 2015 – 4’57 »
Main gauche pas très stable, toucher charnu, enregistrement un peu désagréable dans l’aigu. Intéressant tout de même. 7,5
Olivier Peyrebrune (19??*) – 2011 – 4’54 »
C’est quand même curieux qu’à la 3e mesure, quand c’est indiqué dolce, il joue l’accompagnement 2 fois plus fort… Une version honnête. 6
Maria João Pires (1944*) – 1998 – 5’38
Que d’effets ! La sonorité n’est pas extraordinaire, c’est très fabriqué à mes oreilles. 6,5
Andreas Pistorius (19??*) – 2011 – 4’10 »
Pianiste inconnu. Ça déroule, sans intérêt. 6
Alain Planes (1948*) – 2001 – 5’08 »
Rien à dire sur l’exécution et la musicalité du pianiste, mais tout cela sonne bien sérieux. 7,5
Roberto Poli (19??*) – 2015 – 4’50 »
L’enregistrement vrille un peu les oreilles, c’est bien fait mais manque de hauteur de vue, avec des ostinato à la basse très exagérés. 6,5
Daniel Pollack (1935*) – 1961? – 4’35 »
C’est un eu indolent et neutre. 7
Maurizio Pollini (1942*) – 1991 – 4’29 »
Il donne l’impression d’accélérer à chaque phrase, alors que la basse est immuable mais il y a de nombreux micro-rubatos. Du grand piano. 8,5
2018 – 4’29 »
Exactement le même timing que 26 ans auparavant. C’est encore un tout petit mieux : mieux enregistré, plus habité, une féérie. 9
Katarzyna Popowa-Zydron (19??*) – 2013? – 4’41 »
Une belle version, construite, mais pourquoi ralentir au sostenuto ? 7,5
On passera sur Raoul Pugno (1907), franchement trop inaudible et sans doute guère fidèle.
Anne Queffélec (1948*) – 2010 – 5’09 »
Croisée rapidement l’an dernier : outrée quand je lui ai rapporté l’affaire Dutilleux, très surprise que quelqu’un portait aux nues ses Études de Debussy ! Du ‘naturel’, de la grâce, on a curieusement l’impression de mieux entendre les notes que chez d’autres. 8
Karol Radziwonowicz (1958*) – 2013 – 4’15 »
Le thème flotte un peu, quelques inégalités de toucher, assez beau par ailleurs. 7
Eugène Reuchsel (1900-1988) – 1962 – 4’44 »
Pianiste et organiste français tombé dans l’oubli. Belle atmosphère, presque franckiste. 7,5
Bernard Ringeissen (1934*) – 2013? – 4’15 »
Une bonne version de plus, prise de son un peu désagréable. 7,5
Carol Rosenberger (1933*) – 2001 – 5’13 »
Pianiste américaine, Berceuse trouvée dans l’album « Baby needs Lullaby »… et bien c’est remarquable à part la prise de son un peu ouatée. Lecture simple, basse imperturbable, enchaînements naturels, ambiance vraiment berceuse. 8,5
Moriz Rosenthal (1862-1946) – 19?? – 4’05 »
C’est bien d’époque : des notes arpégées, des fluctuations de tempo à l’intérieur de chaque phrase. Émouvant d’entendre cet élève de Liszt. HC
Arthur Rubinstein (1887-1982) – 1932 – 4’16 »
On pense avoir repéré 3 ou 4 versions (et au moins 60 pochettes…).
Piano très clair pour l’époque, beaucoup d’affect, (on laissait à l’enregistrement avec une fausse note à l’époque), c’est très chic, sans trop de libertés, très chantant et intime. 8
1958? – 4’45 » – Les légers rubatos font que la basse n’est pas constante, mais quelle délicatesse de toucher, si poétique. 8,5
Victor Schiøler (1899-1967) – 19?? – 4’12 »
Pianiste danois. Pas très intéressant. HC
Burkard Schliessmann (19??*) – 2015 – 4’4″
Je recommande sa bio… Rien à dire, tout pour plaire a priori stabilité de la basse, respect des indications, mais ça sonne extérieur. 7,5
Peter Schmalfuss (1937-2008) – 2014 – 4’08 »
Beau toucher, un peu appuyé, encore une Berceuse de plein air… 7,5
Peter Serkin (1947*) – 1978 – 4’40 »
Comme François ou d’autres, son père ne l’a jamais enregistré. Enregistrement un peu ouaté, c’est bien fait, pas très habité. 7,5
Orli Shaham (1975*) – 2015- 5’03 »
Le CD s’intitule « Brahms inspired » (?). Comme les 3 précédents, rien à dire, mais… rien à dire non plus ! 7,5
Vladimir Shakin (19??) – 1994 – 4’24 »
Manque d’homogénéité à tous points de vue. 6
Mordecai Shehori (1946*) – 2008 – 5’25 »
Déjà vu le 2 premières mesures, on sent que ce ne sera pas ça. On cherche la cohérence dans la dynamique et la cohérence tout court d’ailleurs. 6,5
Abbey Simon (1922*) – 2002 – 4’13 »
Une très belle lecture, droite, sensible, juste une peu rapide – grand pianiste. 8
Mzia Simonishvili (19??*) – 1994 ? – 4’22 »
« Busoni piano competition 1994 », on n’en sait pas plus.
C’est un peu désuni, sans grand intérêt. 6
Katia Skanavi (1971*) – 2014 – 4’57 »
Tempo idéal. mais ce n’est pas timbré. de beaux passages digitaux. 7
Wibi Soerjadi (1970*) – 1996 – 5″12″
Des rallentendo, pas passionnant. 7
Solomon Curtner (1902-1988) – 1943? – 5’05 »
Un modèle, un bonheur d’avoir les deux mains si bien ensemble, mais l’enregistrement est relativement mauvais. HC
Elizabeth Sombart (19??) – 2012 – 4’58
Pas mal d’effets « romantiques », on se demande parfois où est passée la basse. 6,5
Boris Spasski (19??*) – 2008 – 4’06 »
Ne pas confondre avec le champion d’échecs.
Curieuse conception du dolce. C’est pas beau, bruyant. 5
Christian Spring (19??*) – 2013 – 4’38 »
Toucher pesant, ça sonne très mal. 5
Hai-Kyung Suh (19??*) – 2012 – 5’51 »
Tempo donc bien lent, toucher très délicat, dommage qu’elle ralentisse autant à partir du sustenuto, mais c’est très intérieur. 8
Istvan Szekely (19??*) – 1995 – 4’29 »
Toucher sans chaleur, sonorité clinquante parfois, mais une certaine allure. 7
Alex Szilasi (1968*) – 2016 – 5’04 »
Le seul piano ancien de la confrontation. On espère que le Pleyel de Chopin sonnait mieux, il semble de plus réverbéré, une atmosphère de salon aurait été préférable (avec bruits de bougie qui se consume si possible). HC
Henryk Sztompka (1901-1964) – 19?? – 4’45 »
C’est pas très beau, sonorité un peu glauque, je croyais que c’était moi mais c’est la respiration du pianiste que l’on entend. 6,5
Raymond Trouard (1916-2008) – 1956 – 5’14 »
Pianiste français bien oublié. Tout sonne certes dolce et piano, mais ne suscite guère d’intérêt, on dirait un chapelet égrené. 5,5
Valerie Tryon (1934*) – 2007 – 4’31 »
Pianiste anglaise. C’est joué assez droit, le toucher n’est pas vraiment magique. Une version agréable néanmoins. 7
Nobuyuki Tsujii (1988*) – 2010 – 5’07 »
Pianiste aveugle japonais, 1er prix au Van Cliburn en 2009.
Live – c’est remarquable, superbe toucher, fin très prenante. 8,5
Véra Tsybakov (1982*) – 2007 – 4’18 »
Pianiste française. Beau toucher, encore une version agréable mais pas transcendante. 7,5
Mitsuko Uchida (1948*) – 2009 – 3’47 »
Beaucoup de bruits de marteaux. C’est donc rapide, élégant, peut-être un peu extérieur. 8
Tamás Vásáry (1933*) – 1965 – 5’20 »
Version rééditée de nombreuses fois, par exemple dans « 50 Cool Classical Hits pour s’endormir »… C’est très andante. Une lecture très droite, très sonnante, originale. 8
Klemens Wichrowski (19??*) – 2015 – 3’42 »
Il semblerait qu’il soit un pianiste de jazz. Ça ressemble beaucoup à la « version » Cyprian Nimka. 2
Ingolf Wunder (1985*) – 2012 – 4’38 »
Sera-ce wunderbach ? Piano mat et un peu voilé, nombreux bruits d’instrument. C’est très beau sauf la fin ralentie et noyée de façon un peu artificielle. 7,5
Lin Yundi (1982*) – 2016 – 4’32
Piano très subtil, même confondant, un peu extérieur. 8
Conclusion : au moins 19 excellentes versions qui pourraient emporter la préférence en fonction de ses goûts :
Vladimir Ashkenazy, Daniel Barenboim, Jeanne-Marie Darré, Nelson Freire, Hélène Grimaud, Friedrich Gulda, Mieczyslaw Horszowski, Eugen Indjic, Eileen Joyce, Arturo Benedetti Michelangeli, Jon Nakamatsu, Heinrich Neuhaus, Guiomar Novaes, Murray Perahia, Vlado Perlemuter, Maurizio Pollini 1 & 2, Carol Rosenberger, Arthur Rubinstein, Nobuyuki Tsujii.
Pour moi les versions les plus marquantes étaient celles de Pascal Amoyel, Stefan Askenase, Detlev Eisinger, Nelson Freire, Wilhelm Kempff, Ivan Moravec et Pollini 2. A vous de juger…