Christian Merlin – Les grands chefs d’orchestre du XXe siècle
Un ouvrage utile, bien écrit, publié avant les disparations d’Abbado et Maazel. On y trouvera 50 entrées par ordre de date de naissance croissante, de Toscanini à Rattle, accompagné de 23 notices biographiques plus rapides. Les 50 entrées principales sont elles aussi essentiellement des notices biographiques, assez journalistiques, mais on y apprend toujours quelque chose. Ce côté journalistique transparaît à propos de Kubelík : Dans le DVD hommage « Music is my country », Barenboïm racontait qu’après un de ses derniers concerts Mahler avec l’Orchestre de Paris à Pleyel – j’y étais et me contentai – trop timide – de la voir passer en coulisses après le concert -, il l’invita dans l’appartement qu’il occupait avec sa mère au dessus de la salle. Et de raconter que Kubelík finit dans la nuit toutes les bouteilles d’alcools disponibles. De là à en déduire qu’il était coutumier du fait et qu’à chaque fois que l’on lui proposait de l’eau il répondait « uniquement avec du savon », le pas est bien vite franchi…
Klaus Lang – Celibidache et Furtwängler
Une discussion classique entre mélomanes : « Mais Celibidache a dirigé le Philharmonique de Berlin après la guerre, je crois ». Voilà un ouvrage de grande qualité qui nous narre par le menu les affres de Furtwängler lors de sa période de « dénazification », qui dura presque aussi longtemps que celles par exemple de Böhm ou de Kraus, pourtant autrement compromis… et les affres de Celbidache et de Furt par rapport à l’ambition implacable de « leur collègue Ka. ». C’est tout à fait passionnant pour qui s’intéresse à ces deux géants de la musique , compte-tenu du travail approfondi de l’auteur et de son accès à des témoins de cet histoire : Celibicache et Elizabeth Furtwängler. On se souvient des critiques acerbes que la Che aura dans les années 70 vis-à-vis de certains de ces collègues – ce qui lui vaudra une réponse de Toscanini par le truchement de Carlos Kleiber : « Böhm de sa vie n’a jamais dirigé une seule mesure de musique », « Chez Boulez, le rythme n’est compris que comme le fonctionnement simultané d’un mécanisme », « Sawallisch : les italiens l’appellent le spécialiste du mezzoforte à longue distance », « Karajan : je sais qu’il enthousiasme les masses. Comme Coca Cola ». Mais aussi : « Kubelík est le seul avec qui on pouvait parvenir à une forme d’accord » (23/10/1979). Et en effet, Martin Kubelík m’a confié que son père avait sérieusement envisagé que Celibidache lui succède à la Radio bavaroise, mais cela ne put se faire. Plus loin : « K. peut écouter votre Première de Brahms des centaines de fois, jamais il ne pourra en faire autant. Tout est une question de puissance intérieure en même temps que d’humilité. Il n’a ni l’une ni l’autre ». Un ouvrage passionnant. Rappelons que le Che fit quelques séances en studio :
avant d’y retourner bien plus tard pour enregistrer sa composition « Der Taschengarten » pour DG, enregistrement qu’il trouvera raté par la suite…