Cet album propose deux œuvres de jeunesse de César Franck (1822-1890) et les célèbres Prélude aria et finale et Prélude, choral et fugue. La Première sonate pour piano a été écrite à 13 ans et le Grand caprice à 21. La sonate est d’un intérêt plutôt documentaire, c’est sans doute bien écrite, mais on est plutôt dans du Czerny. Le Caprice est plus intéressant, cette fois plus Chopin et Schumann (un peu bavards), musique pour les salons de l’époque.
La musique de Franck est à mon avis difficile à interpréter – par exemple que de versions fades ou grandiloquentes de la Symphonie, que de ratages dans la Sonate pour violon et piano. J’ai déjà écouté trois fois le diptyque sous les doigts d’Ingmar Lazar : c’est un enchantement. Philippe Entremont me disait qu’il trouvait l’écriture pour la main gauche de Franck un peu pesante, rien de tel ici. La musique nous entraîne et nous parle, sans jamais un quelconque effet ou une exagération – le plus impressionnant est la cohérence du discours musical, la sobriété des phrasés, l’homogénéité de la sonorité.
Voulant en avoir le cœur net, je me suis souvenu du grand cas que faisait Jonas Vitaud (cf.) du Franck de Jorge Bolet ; c’est d’une sonorité magnifique, mais un peu traditionnel ; le début du Prélude, choral et fugue par exemple : on a affaire ici à une mélodie accompagnée. Sans tomber dans les outrances de pianistes d’aujourd’hui qui privilégient les voix secondaires pour faire original, Ingmar Lazar, lui, fait ressortir toutes les voix sans faire passer au second plan ce qui doit rester au premier.
Un très beau disque, la découverte d’un grand musicien.