Bartok – Concerto pour orchestre [2/2] [1/2]
Il reste donc 15 versions à écouter en entier, avec 11 chef(fe)s dont au moins 5 d’origine hongroise. Cette sélection est très subjective : on a retenu celles qui avaient au moins la note 8, mais de nombreuses étaient cotées 7,5 ; mais je ne pense pas avoir écarté de version majeure, à mon goût en tous cas. Contrairement à la discographie du Sacre, on n’a pas de chefs inconnus ici, et, cette fois, Boulez, Dorati, Fricsay et Solti ont été retenus. Les mouvements ont été écoutés dans toutes les versions avant de passer aux suivants. On resserrera la confrontation après le 3e mouvement. A propos du 2e mouvement [Giuoco Delle Coppie. Allegretto scherzando (à 2/4)] , le compositeur : « L’essentiel du deuxième mouvement est constitué d’un enchaînement de cinq sections brèves et indépendantes, correspondant aux cinq paires d’instruments solistes introduites alternativement (2 bassons, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 flûtes et 2 trompettes avec sourdine). Ces sections n’ont aucune thématique commune et on peut les désigner par les lettres a, b, c, d, e. Elles sont suivies d’une sorte de trio – choral court pour les cuivres et la caisse claire – à la suite duquel les cinq sections sont reprises dans une instrumentation plus élaborée ». A l’issue du 3e mouvement on n’a retenu que les 6 versions suivantes (en toute objectivité bien sûr !) :
- Kubelík – Royal philharmonic – 1958
- Solti – London symphony – 1965
- Karajan – Berlin – 1966
- Solti – Chicago – 1981
- Kubelik – Bavaroise – 1981
- Boulez – Chicago – 1993
Fricsay – RIAS Berlin – 1957
2 : ça manque un peu de vie, le duo de trompettes a du mal et la reprise est un peu placide. 7
3 : Très belle atmosphère « nocturne », le tout est vivant, structuré. 8
Kubelík – Royal philharmonic – 1958
2 : Exactement le même tempo, mais la prise de son est bien plus claire, l’accompagnement des cordes des 5 premiers duos est bien plus signifiant, le reste à l’avenant ; on entendra peut être de plus beaux orchestres par la suite. 8
3 : C’est au moins aussi bien que FF, plus libre et plus dramatique. 8,5
4 : De l’allant, après l’épisode Chostakovitch, c’est comme un baume guérisseur, c’est pour moi l’évidence même. 9 –
5 : C’est tout simplement génial… 9,5
Solti – London symphony – 1965
2 : La couleur est plus sombre, pour sûr il y a des accents, mais le tempo un peu plus lent donne au tout un côté un peu statique, superbe choral, excellents instrumentistes ; splendide, juste un peu froid. 8
3 : C’est encore froid, rythme général un peu corseté. de beaux moments, mais le tout fait plus calculé que senti. 7
4 : C’est moins évident, un peu plus étale au début, l’épisode Chosta sonne très Hary Janos…, superbe fin. 8,5
5 : Au moins aussi allant que Kub, c’est un peu moins acéré au début, la prise de son est moins naturelle [pourquoi mettre les trombones à part ?] que celle de Kubelík (à laquelle on peut reprocher le côté « boîte »). C’est moins énergique et parfois un peu confus, il se cherche un peu par moments, mais c’est quand même très bien. 7,5
Karajan – Berlin – 1966
2 : Tempo identique à celui de Solti. Les cordes sont cette fois-ci au premier plan ! Choral Tristanesque, tout est magnifique mais on perd un peu de rythme et de « peps ». 7,5
3 : Instrumentalement c’est magique, mais guère prenant. 7,5
4 : Tout est un peu fondu, un peu narcissique. 6,5
5 : On n’entend pas grand’chose, tellement c’est fondu, ça ne respire pas, ça fait un peu Rhapsodie hongroise… Hors sujet. 6
Kubelik – Boston – 1973
2 : C’est un peu un mix entre sa version à Londres et celle de Karajan : moins vivante que la première, moins « luxe » que la deuxième. 7,5
Karajan – Berlin – 1974
2: C’est très élégant, un peu sur la pointe des pieds, manque de vie, superbe orchestre évidemment. 7 On me fait remarquer que j’avais raté la version Philharmonia de 1953 : c’est très vivant, j’aurais peut être dû la sélectionner à la place de celle-ci ?
Solti – Chicago – 1981
2 : Superbe son, superbe orchestre, c’est comme toujours très beau, mais un peu froid et, ici, un peu statique. 7,5
3 : Très belle couleur nocturne, orchestre virtuose, de l’animation, splendeur sonore, magnifique. 8,5
4 : Un peu plus rapide que 16 ans auparavant ; c’est moins prenant, moins clair, moins ciselé. 7
5 : La prise de son manque de présence, c’est vif, virtuose, mais àa ne subjugue pas vraiment, c’est curieux, malgré tous les talents déployés, ça ne sonne pas vraiment…. Mais la fin est remarquable : 8
Kubelik – Bavaroise – 1981
2 : De belles ambiances, trompettes lointaines, superbe choral pas wagnérien pour un sou, la reprise des 5 thèmes est la meilleure entendue. 8
3 : Prise de son malheureusement bien pâle, On se croirait au début dans un tableau de Klimt. Kubelík était aussi à l’aise dans les musiques nocturnes de Bartók que de Mahler… 8
4 : C’est magnifique d’empathie, de lumière, mais la prise de son… 8
5 : Je demanderai à mon ami Pierre Barbier s’il n’y a pas moyen de rééditer ce concert dans de meilleures conditions pour les 100 ans de la naissance de Kub, c’est sans doute un de ses meilleure version, à part quelques approximations dues au live, mais la capture est bien lointaine et manque de définition. 8
Dorati – Concertgebouw – 1984
2 : C’est rapide, enlevé, un peu distant, choral décevant, pas très prenant. 7
3 : Très belle image sonore, mais on est plus sur la barre de mesure, le passage central est un peu confus, très belle fin, très Château de barbe bleue comme toute l’œuvre d’ailleurs. 7,5
Fischer Adam – Hungarian State symphony orchestra – 1989
2 : Rapide, dansant, « hongrois », des phrasés, des contrastes, duo de trompettes un peu lointain, très belle version. 8
3 : C’est extrêmement lent ! (Andante, non troppo pourtant) ; on y gagne en détails sur les cordes, mais pas en atmosphère -curieusement, ça devient un peu emphatique par moments. Pour moi, c’est à côté. 7
Boulez – Chicago – 1993
2 : Dès la caisse claire, on sent que ça ne va pas être animé, orchestre impeccable, phrasés élégants, jusque dans le choral, finition impeccable également, mais ça manque donc d’animation. 7,5
3 : Assez lent également, mais avec cette fois un très bel agencement, une ligne directrice, orchestre impressionnant, parfois presque écrasant, on aimerait un peu plus de respiration, mais c’est excellent. 8 –
4 : C’est rapide, assez extérieur, on ne se sent pas vraiment concerné. 7
Blomstedt – San Francisco – 1995
2 : C’est Allegretto, élégant, décoratif, un choral sans insight, le tout manque cruellement de caractérisation. 6,5
3 : Ça manque encore de caractérisation, ne soutient guère l’intérêt. 6,5
Fischer Ivan – Budapest Festival Orchestra – 1998
2 : Dès les rythmes de la caisse claire, on sent que ce sera original, c’est rapide, élégant, de belles couleurs, mais cela manque un peu d’accents. 7,5
3 : Superbe mise en scène au début, léger manque d’animation, le passage forte est un peu survolé, prise de son un peu quelconque. 7
Ozawa – Saito Kinen orchestra – 2005
2 : Solistes présents – et excellents, magnifiques phrasés, superbe accompagnement des cordes, un peu plus animé c’eut été parfait. 8
3 : Phrasés très travaillés au début, passage forte également confus, après ça s’étiole un peu. 7
Alsop – Baltimore Symphony Orchestra – 2012
2 : Caisse claire pas très claire, c’est lent (ressenti), pas vraiment engagé, bref de belles choses, mais globalement c’est loupé. 6,5
3 : Un peu lent, manque d’ambiance au départ, après c’est confus et sans grand intérêt.
Article tres intéressant