Il s’agit du deuxième numéro de la série « Voix étouffées » des éditions Hortus. 

"Voix Étouffées : une collection dédiée aux compositeurs victimes du totalitarisme, et en tout premier lieu à ceux qui ont été persécutés par le nazisme, qu’ils soient connus ou méconnus, condamnés au silence ou à l’exil, assassinés ou morts en déportation, victimes de la Shoah."

J’avoue que je ne connaissais pas le nom d’Henriëtte Bosmans (1895-1952), avec ce délicieux tréma. Pianiste renommée et compositrice, elle dut, étant à moitié juive, se mettre en retrait de la scène pendant la guerre. Le livret indique que Willem Mengelberg, (chef qui fit l’objet d’une disgrâce totale après la guerre pour avoir continuer à diriger le Concertgebouw pendant l’occupation) aida Henriëtte à faire libérer sa mère d’un camp d’internement.

Son œuvre est abondante et je me suis aperçu qu’elle est en fait bien documentée au disque. La présente anthologie propose de nombreuses mélodies – genre où elle excellait (on regrette d’autant plus l’absence des textes dans le livret) – et qu’elle a pratiqué toute sa vie, ainsi que deux œuvres de jeunesse : Six préludes pour piano et une Sonate pour violon et piano.

Les mélodies sont aussi bien en français anglais qu’en néerlandais. Ainsi, The Artist’s Secret de 1948 est assurément un chef d’œuvre – elle utilisera nombre de textes patriotiques ou militants, féministes notamment – elle était bisexuelle ; celui-ci, de la sud-africaine Olive Schreiner, lui a été recommandé par Peter Pears. Beauté des lignes mélodiques, dramatisme, partie de piano d’une sorte de debussysme très efficace… Les autres mélodies sont du même acabit, avec toujours un élégance de la ligne vocale et de la partie pianistique qui est bien plus qu’un accompagnement.

Les Six préludes (1918) sont d’un écriture tonale, décidée, pour ainsi dire ramassée, sans négliger un certain dramatisme (n° 6). Enfin, la sonate pour violon est dans le style de Franck ou de Saint-Saëns (II) ; comme dans le reste de sa production, pas de mièvrerie : c’est direct ! – et efficace.

Une découverte servie par d’excellents artistes, notamment le maître d’œuvre, le pianiste Dimitri Malignan.