Alexander von Zemlinsky – Symphonie lyrique – Lyric symphony
Un disque emblématique, réédité par Brillant à prix très modique. Peut-être un maillon de la chaîne que je cherche à créer entre la musique « classique », disons jusqu’à Mahler et Franck, et la musique dite contemporaine, disons de Debussy à Manoury par exemple. On a pris connaissance de cette œuvre dans la version Gielen, mais là, c’est vraiment la révélation, bien que l’enregistrement date de 1981… Comme la plupart des mélomanes, depuis ses fameux enregistrements DG du début des années 60 (L’enfant et les sortilèges notamment), on a été quasiment toujours déçu par ses prestations au disque (ses Mahler !), alors qu’il est réputé comme un des meilleurs techniciens de la direction d’orchestre. Ici, aidé certes des immenses Dietrich Fisher-Dieskau et Julia Varady, c’est magique, dans un enregistrement pour une fois réussi chez DG avec de la dynamique et une certaine opulence de son servant l’orchestre philharmonique de Berlin. Beau-frère de Schoenberg, juif et donc contraint à l’exil également, né en 1871 à Vienne, il mourra en 1942 à New York – il sera éperdument amoureux d’Alma Mahler, avant que Mahler n’arrive… Professeur de Schoenberg il restera distant du dodécaphonisme de ce dernier. Mahler dit de lui parait-il : La musique de Zemlinsky est remplie de réminiscences de tous genres. Dans cette œuvre, inspirée par le Chant de la terre de Mahler, on décèlera ainsi les influences mêlées de Mahler donc, Richard Strauss, de Reger, du premier Schoenberg peut-être. Il écrit en 1924 : « La cohésion interne des sept chants avec leurs préludes et interludes, qui possèdent tous un seul et même ton foncièrement profondément grave et passionné, doit parfaitement être mise en valeur avec une conception et une exécution adéquates de l’œuvre. Le prélude et le premier chant présentent le sentiment fondamental de toute la symphonie. Toutes les autres parties… doivent être imprégnées de la couleur du premier chant. Ainsi par exemple, le second chant qui pourrait occuper la position d’un scherzo… ne doit surtout pas être abordé comme quelque chose de gai, léger, ou manquant de gravité ; encore moins le troisième chant – qui est l’adagio de la symphonie – comme un chant d’amour languide et complaisant… C’était ma volonté de choisir ainsi ces sept poèmes et de les ordonner dans cette succession particulière qui leur donne leur affinité intérieure ; c’est ainsi que se livre leur interprétation voulue sur chacun d’entre eux, assemblés avec une sorte de traitement de leitmotivs (motifs qui reviennent), de certains des thèmes, et cela bien sûr exalte l’unité de l’œuvre, et c’est cette unité qui doit être au tout premier rang de l’interprétation de tout chef d’orchestre. Musique du renoncement amoureux (elle en aura fait des dégâts, l’Alma) : 1- Langsam- mit ernst-leidenschaftlichen Ausdruck (lentement avec une expression sérieuse et passionnée) – :Ich bin friedlos, ich bin durstig nach fernen Dingen (Point de repos ne trouve, j’ai tant soif de choses lointaines) Une musique très attachante, de déclamation strausso-mahlérienne, avec des fulgurances très « musique de film » – le thème du début – et des moments chambristes. À côté de rééditions inutiles, Brillant met légalement à la disposition du mélomane nombre de pépites (cf. Lutoslawski ou Schreker). Ci-dessous le premier mouvement. Cf. l’excellent article de Gil Pressnitzer |
A disc emblematic, republished by Brilliant at very low price. Perhaps a chain link I seek to create between the “traditional” music, let us say up to Mahler and Franck, and the contemporary music, let us say from Debussy to Manoury for example. We first listened to this work with the Gielen version, but there, it is really the revelation, although the recording goes back to 1981… Like the majority of the music lovers, since his famous recordings DG of the beginning of the Sixties (L’enfant et les sortilèges in particular), one was almost always disappointed by his recordings (Mahler!), whereas he is famousas one of the best conducting. Here, helped by the immense Dietrich Fisher-Dieskau and Julia Varady, it is magic, in a recording for once successful at DG with dynamics and a certain opulence of sound serving the Berlin Philharmonic. Mahler apparently said once: The music of Zemlinsky is filled of reminiscences of all kinds. In this work, inspired by the Song of the ground of Mahler, one will thus detect the frays influences of Mahler thus, Richard Strauss, of Reger, the first Schoenberg perhaps. |