Deux anthologies bien intéressantes de deux compositeurs (et pianistes) français, Didier Rotella (1982*) et Jean-Baptiste Favory (1967*). Le premier compose pour des ensembles instrumentaux avec électronique en temps réel, le deuxième est plutôt électroacousticien, avec parfois recours au clavier.
Didier Rotella
L’anthologie Didier Rotella propose deux pièces avec électronique en temps réel : Catharsis pour 2 percussionnistes et deux pianos et Mogari pour saxophone, percussion et piano. Elle est complétée par Fragances, pour quatuor à cordes. Catharsis (« figure du théâtre antique qui voulait purifier les passions du spectateur par le drame ») est en six mouvements, thème et cinq variations commençant pppp pendant quelques minutes la dernière variation se termine de même), ce qui contribue déjà à cette sorte de déstabilisation de l’auditeur. Ces sortes de variations mêlent de plus en plus les timbres des instruments, les pianos comportant un deuxième clavier « digital » avec des vibreurs mécaniques permettant de réinjecter les sons électroniques via la table d’harmonie, comme ceux placés sur la timbale et le grosse caisse. Le résultat est comme un parcours étrange, un peu initiatique.
Fragrances est un quatuor à cordes en deux mouvements – le premier est un peu comme un atelier préparatoire au deuxième figurant des évolutions de parfums tournoyants.
Mogari (rites funéraires de l’ancien Japon) est pour flûte, saxophone, percussion, piano et électronique. Par rapport à Catharsis, les deux instruments à vents et le choix des percussions donnent un certain exotisme et des couleurs plus variées. Un autre très beau voyage.
Excellents ensembles Links et Proxima Centauri.
Un excellent disque Kayros.
Jean-Baptiste Favory
Il est assez rare de voir une pochette de disque sans aucune mention (même sur l' »album blanc » il y en avait une…). Ici, seul un candélabre qui semble perdu dans les branches d’un noyer.
Je ne suis pas un spécialiste ni un aficionados des musiques électroacoustiques – je me rappelle juste d’une belle anthologie Ivo Malec chez INA /GRM dont j’ai toujours d’ailleurs le vinyl ou d’œuvres de François Bayle ou encore de Luc Ferrari.
« Quelle mémoire ! » : pour dire que je n’ai pas beaucoup écouté de musique électroacoustique ces dernières années… C’est pour moi comme les solos de xylophone ou de marimba dans les œuvres instrumentales contemporaines : les bruits – bruitages – peuvent énerver.
C’est un peu le cas de Voladores : bruitique au départ, on a ensuite des envolées musicales qui font du bien avant de retrouver des chiffonnages ou des gouttes d’eau – mais la pièce dure 26′ avec des séquences agencées qui suscitent l’intérêt. Alors pourquoi ce papier ? C’est d’abord parce qu’il y a toujours des « événements » qui suscitent la curiosité auditive. Zona del silencio est un peu un happening (chilien) à la Cage. Une œuvre de jeunesse (1995) Le grand conseil de Sirius a rendu son verdict est amusante avec le côté surréaliste d’un discours tourné en ridicule.
Postlude est un détournement « concret » de L’Après-midi d’un faune dirigé par son Grand-père Jean Fournet. Les emprunts font de suite penser à ceux de Mahler dans la Sinfonia : c’est souvent euphorisant, un peu comme des souvenirs gustatifs de plats de sa maman ou sa grand-maman…
PAUL & paul fait référence à Paul Méfano – un morceau de dix mesures que Méfano écrivit à la fin de sa vie, ici amplifié, développé pour piano et quatre synthétiseurs. Un CD varié et souvent passionant.
Si vous voulez acquérir le CD physique il est apparemment là.