Robert Schumann – Symphonie 2 – Ecoutes comparées

Oscar - Roi de Suède et de Norvège - (1799-1859)
Oscar I – Roi de Suède et de Norvège – (1799-1859)

Robert Schumann – Symphonie 2 Op. 61 – Ecoutes comparées

Composée entre 1845 et 1846, cette Symphonie no 2 en do majeur op. 61 fut créée par l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig le 5 novembre 1846 sous la direction de Felix Mendelssohn.

Quatre mouvements :

  1. Sostenuto assai – Allegro ma non troppo
  2. Scherzo (allegro vivace) – Trio I et II
  3. Adagio espressivo
  4. Allegro molto vivace

Bach, Haydn, Beethoven (début de l’œuvre quasiment identique à la 104e) seront conviés dans un opus à la fois sévère et empli de contrastes romantiques.

On recense au moins 80 enregistrements studio (on a écarté les live: … On ne connait guère d’enregistrements de cette symphonie par les grands chefs austro-allemands de la première moitié du XXe siècle.  Cette relative désaffection trouve peut-être son origine dans la polémique sur le fait que, soi-disant, Schumann ne savait pas orchestrer. Furt dirigera principalement – et de quelle manière – la quatrième. Est-ce cette supposée fragilité qui a conduit – contrairement à Brahms – à ce que de nombreux chefs – ‘baroqueux’ ou non – aient été nombreux à revisiter cette oeuvre, souvent avec un orchestre « de chambre » – ou à l’inverse que la réorchestration de Mahler soit réapparue ?

On sort d’un marathon avec la 2e de Sibelius où dominaient (en nombre) les chefs anglais, rien de tel ici… Avant l’accès à la musique en ligne, on ne jurait que par Kubelík, notamment avec Berlin (1964/1964) pour cette symphonie-ci, alors qu’on préfère globalement la version avec la Bavaroise (1978/1979) au grand étonnement de mes amis mélomanes… La critique française n’a toujours juré que par Sawallisch, voire Karajan, jetant souvent aux orties les Muti, Mehta ou Solti. Le voyage promet d’être passionnant, notamment à l’écoute des ‘petits jeunes’.
2 anecdotes : Kenneth Woods reprend sur son site des éléments publiés sur le site « La phil« , ou l’inverse.  Et, il y a 2 ans on avait quitté  à l’entracte un concert Schumann de Nézet-Séguin avec l’orchestre de chambre d’Europe, jeu d’essai à l’enregistrement paru depuis…

Voilà donc plus de 60 versions, dont 2 que nous n’avons pu dater

Toscanini – NBC 1941
Szell – Cleveland Orchestra 1953
Berstein – NY (Stadium) 1956
Kletzky – Israel Philharmonic Orchestra 1956
Boult – London philharmonic 1956
Leopold Stokowski – Leopold Stokowski orchstra 1957
Szell – Cleveland 1959
Franz Konwitschny – Leipzig Gewandhaus Orchestra 1960
Bernstein – NY 1962
Kubelik – Berlin 1963
Ansermet – Suisse romande 1965
Klemperer – Philharmonia 1969
Solti – Vienne 1970
Karajan – Berliner Philharmoniker 1972
Sawallisch – Dresden 1973
Muti – Philharmonia 1979
Levine – Philadelphia 1981
Marriner – Stuttgart 1985
Kubelik – Bavarian radio symphony 1985
Haitink – Concertgebouw 1985
Berstein – Vienne 1986
Ceccato – Royal Philharmonic 1987
Levine – Berlin 1988
Davis – Dresden – Live 1988
Jordan – Suisse romande 1990
Wildner – Slovak State Philharmonic Orchestra, Kosice 1991
Zinmann – Baltimore Symphony Orchestra 1991
Franz Welser-Möst – London Philharmonic 1993
Chailly – Concertgebouw 1993
Harnoncourt – Europe chamber orchestra 1994
Wit – Polish National Radio Symphony Orchestra 1994
Muti – Vienne 1994
Giuseppe Sinopoli – Staatskapelle Dresden 1995
Thielemann – Philharmonia Orchestra 1997
Gardiner – Orchestre révolutionnaire et romantique 1998
Christoph Eschenbach – NDR Sinfonieorchester 1999
Norrington – SWR 2000
Marriner – Academy of St. Martin in the Fields Orchestra 2000
Masur – London Philharmonic Orchestra 2000
Zender – Saarbrucken Radio Symphony Orchestra 2000
Bostock – Czech Chamber Philharmonic 2002
Barenboim – Staatstkapelle Berlin 2003
Zinmann – Tonhalle Zurich 2004
Lang Lessing – Tasmanian Symphony Orchestra 2006
Thomas Dausgaard – Sweden Chamber orchestra 2007
Saccani – Budapest Philharmonic Orchestra 2007
Chaily – Leipzig 2008
Foster – Szech philharmonic 2008
Ahronovitch – Köln – Live 2008
Inbal – Francfort 2008
Vladimir Fedoseyev – Moscow RTV Symphony Orchestra 2009
Nowak – Royal philharmonic 2009
Gielen – SWR Baden Baden 2010
Zaccharias – Orchestre de Chambre de Lausanne 2010
Oramo – Royal Stockholm Symphony Orchestra 2010
Abbado – Mozart orchestra 2012
Paavo Järvi – Deutsche Kammerphilharmonie Bremen 2012
Butt – London symphony 2012
Woods – Orchestra of the Swan 2013
Nézet-Séguin – Orchestre de chambre d’Europe 2014
Rattle – Berlin 2014
Botstein  – American Symphony Orchestra 2014
Venzago – Basel
Iliev – Sofia Philharmonic Orchestra
 

Sostenuto assai – Allegro ma non troppo

Arturo Toscanini – NBC – 1941

Ce sera assurément l’une des plus rapides, mais cela a-t-il vraiment un quelconque intérêt ? Je me suis fait avoir, ne voulant pas retenir des enregistrements publics (lequel public applaudit à chaque mouvement). Ça s’arrange avec le 3e mouvement où l’on distingue de la musique cette-fois. 7

George Szell (1897-1970) – Cleveland – 1952

Entrée recueillie, très choral luthérien, à partir de l’Allegro ma non troppo, c’est plutôt sec, on est plutôt côté Schubert ensuite. 7,5

Leonard Bernstein (1918-1990) – New York Stadium symphony orchestra – 1956

Il s’agit du New York Philharmonic. C’est pas assai, la bande pleure un peu, le tempo choisi fait que malgré ses efforts, c’est assez désincarné. 6

Paul Kletzki (1900-1973) – Israel Philharmonic Orchestra – 1956

Ce n’est pas propre au départ et ça ne s’arrange guère, c’est instable, raide, laid. 4

Adrian Boult (1889-1993) – London Philharmonic orchestra – 1956

C’est vif et vivant, mené par la petite harmonie, de façon très originale. Ce n’est pas ce qu’on attend ici, mais le tout fonctionne superbement, avec des articulations étonnantes. Pas sûr que ce soit exactement l’instrumentation originelle. 8,5

Leopold Stokowski (1882-1977) – His orchestra – 1957

Sans en appeler aux grands chef austro-allemands du XXe, il suffit d’écouter Boult ou Stoko pour déplorer l’absence actuelle de vraies personnalités de la baguette… Voilà un chef qui manifestement sait quoi faire de la partition et l’obtient de son orchestre ; on passera sur les cordes stratosphériques habituelles. C’est très vivant, peut-être un peu brahmsien, avec les exagérations habituelles du chef dont on se délecte coupablement. 8

George Szell (1897-1970) – Cleveland – 1960

Très bon son, très fluide, élégant, mais un peu fondu et univoque, superbes cordes et l’animation – qu’il faut savoir tenir dans ce mouvement… est un peu extérieure, mais c’est plastiquement très beau. 8

Franz Konwitschny (1901-1962) – Leipzig Gewandhaus Orchestra – 1960

L’histoire dit que les musiciens d’orchestre lui donnaient le sobriquet de « Konwhiskey »…  – à rajouter à mon papier sur les chefs alcooliques. Le tout est superbement animé, la reprise est faite, le con fuoco pourrait être un peu plus marqué et l’on n’entend pas toujours clairement la petite harmonie, mais c’est très vivant, avec une très belle sonorité d’orchestre. 8

Leonard Bernstein (1918-1990) – New YorkPhilharmonic – 1962

C’est à peu près aussi lent que 6 ans auparavant. Très beau début, superbe alliage des sonorités, Mais je trouve ensuite le tempo vraiment trop lent, l’animation qui suit apparaît sans nécessité, mais on est çà un très haut niveau. 7,5

Rafael Kubelík (1914-1996) – Berlin Philharmoniker – 1963

Cette autrefois fameuse version a déjà plus de 50 ans…  Une introduction prenante, le plus bel orchestre entendu jusqu’ici, dommage que les bois soient un peu noyés. Il ne fait pas la reprise, ce qui n’est vraiment pas gênant. 8,5

 Ernest Ansermet (1883-1969) – Suisse romande – 1965

C’est très lent, le son manque de définition. Ne soutient pas l’intérêt. 6

Otto Klemperer (1885-1973) – Philharmonia – 1969

(1885-1973) : on est dans ses toutes dernières années. Impression de paysage glaçant à la Friedrich… C’est ensuite bien statique. 6,5

Georg Solti (1912-1997) – Vienna Philharmoniker – 1970

Prise de son lointaine. Introduction bien extérieure. C’est ensuite un peu « nerveux » mais vivant. On a l’impression qu’il cherche les passages qui « payent », d’où l’impression d’une lecture en séquences avec quelques tunnels. 7,5

Herbert von Karajan (1908-1989) – Berliner Philharmoniker – 1972

Le début sonne curieusement, comme du Richard Strauss, c’est assez pâteux. Après c’est enfiévré et moelleux à la fois ! Le soin apporté à chaque trait est assez phénoménal. C’est très vivant, contrasté, assez impérial, il faut bien le reconnaître… 8,5
(pour la petite histoire, ma femme a toujours trouvé Kubelík inaudible et loué Karajan, un peu comme il y a longtemps une copine me disait ne pas aimer Paul MacCartney parce « qu’il n’y a pas de basses ».

Wolfgang Sawallisch (1923-2013) – Staatskapelle Dresden – 1973

Prise de son réverbérée, début langoureux, on est un peu côté Schubert / Bruckner, je trouve tout ça un peu extérieur, mais c’est vivant. 8 pour la garder pour la suite.

Riccardo Muti (1941*) – Philharmonia orchestra – 1979

Début avec beaucoup de cordes, après ça s’emballe sans grande nécessité, puis ça sonne petit, nerveux, bref à côté de la plaque. 6,5

James Levine (1943*) – Philadelphia orchestra – 1981

Début bien sonnant, mais un peu plat.  C’est ensuite très bien fait, mais un peu extérieur, appuyé, on n’est guère concerné. 7,5
Je me rappellerai toujours son interview où il pointait les erreurs techniques de la version de ma Patrie par Kubelík / Vienne, alors qu’il lui devait tant…

Neville Marriner (1924*) – Radio-sinfonieorchester Stuttgart – 1985

Âgé de 90 ans, un des premiers ‘baroqueux’… Début lâche, après cela sonne « petit », voire mignard, on n’entend pas grand’ chose. Sans intérêt. 5

Rafael Kubelík (1914-1996) – Symphonie-Orchester Des Bayerischen Rundfunks – 1985

C’est plus lent que 12 ans auparavant. C’est un eu moins enlevé mais plus recherché au niveau des accents et de l’agogique. On sent qu’il cherche à rendre le son de Schumann : pas de Schubert, de Bruckner ici, pas de grand orchestre per se, juste un peintre donnant le maximum d’éclairages. 8,5

Bernard Haitink (1929*) –  Royal Concertgebouw Orchestra – 1985

Très belle introduction, Cordes un peu en retrait, la prise de son ou la salle favorise les graves. Le reste est de très belle tenue, mais un peu convenu. On la garde quand même. 8

Leonard Bernstein (1918-1990) – Wiener Philharmoniker – 1986

Début plat, cors et trombones au second plan (!).  Ensuite beaucoup de cuivres, puis ça s’alanguit. Au total, une interprétation assez maniérée qui ne soutient guère l’intérêt. 7

Aldo Ceccato (1934*) – Bergen Philharmonic orchestra – 1987

Dans l’orchestration de Mahler. Une trompette par-ci, des doublures par-là, on ne voit guère de différences, les chefs d’orchestre ne se sont jamais privé dans le temps d’apporter leurs propres corrections. En plus, l’exécution est honnête sans plus . 6,5

James Levine (1943*) – Berliner Philharmoniker – 1988

Sept ans seulement après Philadelphie. La prise de son est assez ouatée. C’est du bel ouvrage, traditionnel, sans grande surprise et sans grand attrait. 7

Armin Jordan (1932-2006) – Orchestre de la Suisse romande – 1990

Début très recueilli, prise de son lointaine, Version très poétique, mais le son manque cruellement de présence. 7,5

Johannes Wildner (1956*) – Slovak State Philharmonic Orchestra, Kosice – 1991

Orchestre provincial, problèmes de balance. Mais rien de rédhibitoire, c’est assez vivant, dans un tempo général assez rapide. On entend principalement les violons. 6,5

David Zinman (1936*) – Baltimore symphony orchestra – 1991

C’est honnête, un peu épais de son et ça manque d’animation et de drive. 6,5

Franz Welser-Möst (1960*) – London Philharmonic orchestra – 1993

Nicolas Chalvin, qui fut son élève, me confiait ne pas bien comprendre le peu d’aura qu’avait ce chef en France. Je me rappelle pourtant un bien soporifique Concert du Nouvel an, alors que le dernier par Barenboïm, contrairement à bien d’autres avis, m’avait emballé. Bref. C’est assez précautionneux, lent au départ. Mais c’est très bien organisé ensuite. Une bonne version. 7,5

Riccardo Chailly (1953*) – Royal Concertgebouw orchestra – 1993

Introduction correcte, le reste est curieusement complètement amorphe. 5,5

Johann Nikolaus Garf de la Fontaine und d’Harnoncourt-Unverzagt (1929*) – Royal Concertgebouw Orchestra – 1994

Le descendant de l’empereur François Ier du Saint-Empire dirige ça un peu sur la pointe des pieds, ça sonne petit, on dirait du Vivaldi mal orchestré. 5

Antony Wit (1944*) – Polish National Radio Symphony Orchestra – 1994

Orchestre bien lointain. Tempo « large », c’est assez lourd, Schumann avait fait une première dépression en entamant l’écriture de cette symphonie, mais quand même… Version honnête. 6,5

Riccardo Muti (1941*) – Wiener Philharmoniker – 1994

15 ans après, ce n’est guère mieux, rien ne fonctionne et ça tourne à vide.  6,5

Giuseppe Sinopoli (1946-2001) – Wiener Philharmoniker- 1995

Début magnifique, c’est superbement dirigé, orchestre de grande classe, on croirait un live tellement c’est tenu, il fait la reprise comme la plupart, 8

Christian Thielemann (1959*) – Philharmonia orchestra- 1997

Encore une très belle introduction, très ‘choral’, on notera une certaine tendance à ralentir avant les accords, Superbes phrasés aux cordes, magnifique timbalier. Ce qui pourrait être pris pour des effets résulte d’un parti-pris interprétatif. 8

John Eliot Gardiner (1943*) – Orchestre révolutionnaire et romantique – 1998

Je me rappelle avoir acquis son intégrale Beethoven sur les conseils de Diapason et l’avoir revendue bien vite… L’introduction est belle, rien de bien révolutionnaire ici, quelques couacs minimes, un manque de tenue du son de certains vents, il fait la reprise, c’est assez vivant, on gagne un peu de présence des cuivres, mais c’est un peu linéaire. 7,5

Christoph Eschenbach (1940*) – NDR Sinfonieorchester – 1999

Le superbe accompagnateur de DFD dans Schumann… Intro très lente, prise de son peu présente, après c’est assez plat, lourd (accords), apathique. 5,5

Roger Norrington (1934*) – Radio-Symphonieorchester Stuttgart des SWR – 2000

Cordes blanches sans vibrato, une des versions la plus lente. Après l’introduction qui ne raconte rien, c’est très vertical, d’un grand ennui. 6

Neville Marriner (1924*) – Academy of Saint Martin in the fields – 2000

Sera-ce mieux avec son orchestre  que 15 ans auparavant avec Stuttgart ? C’est plus animé et décidé, tempo vif, une interprétation traditionnelle mais décidée, très vivante,  plutôt côté Mendelssohn, le créateur de l’œuvre… 8

Christoph Eschenbach (1940*) – Bamberg – 2001

On n’est pas sûr de la date, seulement 2 ans après sa version de Hambourg.  Ça commence bien, l’orchestre manque un peu d’ampleur sonore, L’allegro ma non troppo est mieux venu; mais son animation tourne un peu court. Une bonne version assez vivante tout de même. 7,5

Douglas Bostock (1955*) – Czech Chamber Philharmonic – 2002

Bon début, après la maigreur des cordes surprend, tout cela un peu pâlot, sans grave défaut. 6;5

Daniel Barenboim (1942*) – Staatstkapelle Berlin – 2003

Ce doit être, pianiste et chef, l’artiste classique le plus prolifique au disque, avec des résultats contrastés. Orchestre assez typé (bois) – haut médium proéminent, le flux musical est bien mené, assez virilement, pas toujours très prenant, mais beaucoup d’allure. 8

David Zinman (1936*) – Tonhalle orchestra Zurich – 2004

Introduction très travaillée de la part de celui qui fut l’assistant de Pierre Monteux dans sa jeunesse. Superbe animation ensuite, le tout est très travaillé, ‘buriné’, C’est toujours aéré et aérien. Pierre-André Valade me confiait un jour que Zurich était son orchestre préféré…  8,5

Sebastian Lang-Lessing – Tasmanian Symphony Orchestra – 2006

Actuellement directeur du San Antonio Symphony, Ici c’est l’orchestre d’un État australien – un peu plus de 500 000 habitants – situé à 240 km de la côte Sud-Est de l’île principale de l’Australie !
Rien d’indigne ici, c’est même bien dirigé, mais on n’est pas au niveau des meilleurs orchestres internationaux, les lignes sont un peu frustres, c’est un peu corseté. 6

Thomas Dausgaard (1963*) – Sweden Chamber orchestra – 2007

Les orchestres de chambre deviennent plus nombreux au fur et à mesure que l’on avance dans le temps. Niveau sonore bien faible. Introduction intéressante, l’Allegro est pris à bras-le-corps, mais c’est peu heurté, ça manque de cordes et… de romantisme, mais au moins il y a un vrai projet interprétatif. 7

 Riccardo Chailly (1953*)  – Gewandhausorchester – 2008

Très belle introduction, les quelques ajouts de Gustav que l’on peut repérer paraissent incongrus. Le tout sonne un peu mat et épais, sans grand intérêt. 7

Lawrence Foster (1941*) – Czech philharmonic orchestra – 2008

Introduction un peu relâchée, son confus, c’est assez inexistant. 5,5

Eliahu Inbal (1936*) – Radio-Symphonie-Orchester Frankfurt – 2008

Introduction assez serrée, L’Allegro survient sans crier gare, c’est assez cuivré et très lourd. 6

Vladimir Fedoseyev (1932*) – Moscow RTV Symphony Orchestra – 2009

Son site n’est pas piqué des hannetons… Il existe une version Svetlanov et une Rozhdestvensky mais on ne les a pas trouvé. C’est du (très) grand orchestre. Très vivant, un vrai interprète, pas de zone d’ombre ici, prise de son réverbérée et un peu distante, mais l’influx motorique des grands chef russes fonctionne, c’est assez grandiose – on n’est pas vraiment pris mais très impressionné. 8

Grzegorz Nowak (1951*) – Royal philharmonic orchestra – 2009

« Principal associate conductor » de cet orchestre prestigieux, il est pourtant inconnu en France me semble-t-il (encore un sacré site pour la version française…).
Introduction avec une certaine allure, un peu imprécise au niveau des cuivres, on reconnaît bien l’orchestre tel que qu’on a pu l’entendre live il y a peu, avec un chef guère plus enthousiasmant… Rien ne se passe, tout est convenu et le son est assez peu vivant. 6

Michael Gielen (1927*) – SWR Symphonieorchester Baden-Baden unfd Freiburg – 2010

Très belle introduction axée sur les cordes, après cela sonne délicieusement provincial. 6

Sakari Oramo – (1965*) – Royal Stockholm Symphony Orchestra – 2010

On a du mal avec ce chef : que ce soit dans Sibelius ou Bartók, on n’a guère été emballé. Cette fois, on a une lecture très bien faite, mais rien qui ne soulève l’enthousiasme. 7,5

Claudio Abbado (1933-2014) – Orchestra Mozart – 2012

Belle introduction, trombones un peu en-deçà. Après un grand soin des sonorités et des équilibres, ça sonne quand même maigrelet. 7,5

Paavo Järvi (1962*) – Deutsche Kammerphilharmonie Bremen – 2012

Son site Web est à l’image du chef : assez discret. On est dans le ténu pour l’introduction. Cordes très peu vibrées, mais c’est sans corps et sans relief. 5,5

Yondani Butt (?-2014) – London symphony orchestra – 2012

On ne sait pas grand chose sur ce chef d’origine chinoise qui avait un PhD en chimie (Borodine ?). Toujours est-il que ce ne pas vraiment palpitant… 5

Kenneth Woods (19??*)- Stratford-upon-Avon-based Orchestra of the Swan – 2013

« cellist, composer, writer, rock guitarist »… Ça change ! Ça commence mal, on n’entend rien, je m’arrête là. 5

 

Yannick Nézet-Séguin (1975*) – Chamber orchestra of Europe – 2014

Introduction correcte, on n’entend pas grand chose, mon départ du concert il y a deux ans était donc bien justifié. C’est … quasiment ce que j’ai entendu de pire. 5

La version Rattle n’étant toujours pas disponible, on s’en passera…

Leon Botstein (1946*)- American symphony orchestra – 2014

Une belle version traditionnelle sans plus. 6,5

Konstantin Iliev (1924-1988) – Sophia Philharmonic orchestra – 19??

Plus lent, il n’y a pas… et pourtant ça fonctionne, ensuite ça montre une poigne ! Le Rozhdestvensky bulgare ? 8

Scherzo (allegro vivace) – Trio I et II

Nous voilà donc avec 16 versions encore sur les bras : Barenboim – Boult – Fedosseïev- Haitink – Iliev – Karajan – Konwitschny – Kubelik – Bavarian & Berlin – Masur – Sinopoli – Sawallisch – Stokowski – Szell – Thielemann – Zinmann…

Le « Scherzo de Schumann » tel qu’il est appelé dans les orchestres, mouvement obligé pour le recrutement des violonistes…

Boult – C’est le plus rapide. C’est virtuose, mais un peu extérieur. Sonorité un peu pâle, trios un peu trop carrés. 7,5

Kubelik – Berlin – C’est très Mendelssohn, léger, mais vivant, construit, magnifique et cette science des cordes. Je pense que l’on pourrait mieux se rapprocher des bandes originales.  J’adore toujours ça anyway. 9

Karajan : c’est nettement plus lent, plus fabriqué, un peu militaire parfois. 7,5

Kubelik – Bavaroise :- un peu moins ‘peps’ qu’avec Berlin, mais avec des cordes peut-être moins virtuoses mais encore plus belles, Trio I plus rapide, dommage que la prise de son manque singulièrement de présence et de dynamique, mais on ne va pas revenir sur les multiples ‘trahisons’ de ses éditions studio. Quelle poésie dans le Trio II.  8,5

Zinmann – La prise de son est lointaine. C’est bien fait, le Trio I un peu extérieur, beau Trio II. 8

Stokowski – Un OVNI de plus de sa part, on ne reconnait pas l’œuvre… Des exagérations sans nom. On peut trouver ça infâme, moi je trouve ça génial… C’est sûr, il ne s’occupe pas de la barre de mesure ! C’est un peu comme Samson François qui raconte ses histoires dans Debussy. 9 Tant pis pour les grincheux…

Szell – C’est rapide, prise de son lointaine, décidément.  C’est décidé, mais il faut dire que l’on n’a plus que des grands chefs dans cette sélection. Sublime Trio II. 8

Konwitschny  – C’est lent, son vieilli, de l’animation, mais un peu extérieur. 7,5

Sawallisch – C’est léger mais articulé, un Trio I aérien, magnifiques violons, un peu côté Schubert. 8,5

Haitink – Assez lent, allège au maximum, mais ça manque d’influx. Très belle couleur d’ensemble néanmoins. 7,5

Sinopoli – Rapide, décidé, enlevé, cordes évidemment extraordinaires. Trio II évanescent. Ce psychanalyste n’avait rien trouvé de dépressif ici… 9

Thielemann – Le plus lent.  C’est pourtant marqué Allegro vivace ! Ca ne fonctionne pas vraiment. 6,5

Masur – Rien de bien saillant ici, c’est assez distancié. 7

Barenboim – C’est bien calme au départ, ça s’anime ensuite quelque peu. Un curieux grossissement des cordes graves avant le Trio I qui présente des ralentissements un peu extérieurs au flux. C’est un peu maniéré, mais intéressant. 7,5

Fedosseïev – De la « rumeur ». Cordes assez acides, ambiance un peu hall de gare, mais c’est très vivant, Trio I très rapide, peut être la couleur sonore la plus convaincante avec Sinopoli et un équilibre constant des interventions des cordes et des vents. 8,5

IlievRapide, toujours pas le plus bel orchestre du monde, rien de saillant, mais une franchise de ton et beaucoup d’animation. 8

Il faut bien restreindre l’écoute et on aurait pu faire un autre choix en écoutant plutôt le III ou le IV. Restent en lice : Kubelik / Berlin – Stokowski – Sinopoli – Kubelik / Bavarian – Szell – Sawallisch – Fedosseïev – Iliev.

Adagio espressivo

Kubelik / Berlin – Un miracle, comme un rêve qui passe, toutes les indications sont suivies à la lettre, fusion des vents / cordes optimale… Ce sera la version la plus rapide des 7 restantes. 9

Stokowski – Moins d’exagérations que dans le II, il « creuse » le discours en jouant sur la dynamique. Ça sonne plutôt comme du Grieg, mais c’est assez habité. Ce sont à ma connaissance les deux plus grands chefs au niveau de la gestion des cordes, mais Kubelik aurait pu devenir un grand violoniste, alors que Stokowski était ‘seulement’ organiste… 8,5

Sinopoli – Les premières notes des cordes arrivent comme d’un autre monde. Un peu plus loin -je n’ai pas le compte des mesures sur la partition – le discours s’étiole un peu. On a l’impression qu’il recherchait un climat onirique, que Kubelik trouvait plus facilement dans son respect de la partition. 8

Kubelik / Bavaroise – Après presque 20 ans de bons et loyaux services, Kubelik fut remercié par DG à la fin des années 70 – il fallait faire de la place aux plus médiatiques Abbado ou Bernstein – et l’orchestre se tourna vers CBS pour quelques Mozart, Bruckner et cette intégrale Schumann, avant la retraite de Kubelik, sans que l’on y gagne d’ailleurs en qualité de prise de son. Il est un peu plus lent que 22 ans auparavant. Les choses se passent bien calmement avant que le passage avant le fugato ne donne la clef de l’interprétation. C’est moins immédiatement prenant que la version avec Berlin, mais il se dégage de cette version une poésie nostalgique, plutôt côté Weber. 8

Szell – C’est un peu lent, le quatuor est un peu pâle. Finalement c’est assez froid et on s’ennuie un peu. 7,5

Sawallisch – Très beaux vents, cordes un peu au second plan et manquent de présence. C’est un peu distant. 7,5

Fedosseïev – C’est chaleureux, vivant. Toujours ces cordes un peu âpres, Encore une fois un superbe équilibre cordes / vents et contrairement aux 2, voire 3 précédentes, on ne s’ennuie pas une seconde. 8,5

Iliev – Le plus lent des huit. (9’20 » pour Kubelik / Berlin, 12’20 » ici…). image globale assez sombre, Mais le pari de ce tempo un peu limite est tenu. Le passage fugato prend plus de relief. C’est superbement agencé et au passage, c’est très bien orchestré… 8,5

On restera pour le dernier mouvement avec Kubelik / Berlin – Stokowski – Sinopoli – Kubelik / Bavarian – Fedosseïev & Iliev.

Allegro molto vivace

Contrairement au mouvement précédent, vu son tempo, ici il y a de la page à tourner ! Toutes ces tenues, ces battements sont assez redoutables.

Kubelik / Berlin ne tient pas toutes ses promesses, on se perd un peu au fil du mouvement, mais de belles qualités tout de même. 8

Iliev est beaucoup plus rapide, (à cette vitesse-là, j’aurais dû ressortir Paray…). Ça n’a pas le temps de sonner à ce tempo – mais c’est bien Allegro molto vivace… – et le manque de classe de l’orchestre n’en ressort que mieux… C’est finalement le mouvement le plus faible de la partition, mais c’est vivant. 8

Stokowski sait ce qu’il veut et l’obtient, c’est vivant, animé, virtuose, toujours quelques menues exagérations. 8,5

Fedosseïev : encore une image d’orchestre assez énorme. De la ‘gueule’ mais ça paraît toujours mf et trop appuyé. 7,5

Sinopoli commence plutôt bien. Il cherche à animer, à contraster, mais ça ne fonctionne pas vraiment. 7,5

Kubelik / Bavarian : aura-t-on enfin une excellente version de ce mouvement bien ingrat ? La prise de son manque toujours de présence, c’est mieux agencé qu’avec Berlin, ça soutient l’intérêt, encore un peu plus d’animation, c’eut été parfait – fin superbe. 8,5


Nous arrive une nouvelle version par le « Dresden Festival Orchestra » (2016) dirigé par Ivor Bolton. Une belle version, animée poétique, bien phrasée et rythmée, avec peut-être un final un peu en retrait. 8
Celle d’Antonio Papano à la tête de l’Orchestre de l’Académie Sainte-Cécile (2016) paraît bien extérieure. 6
Bernardo Kuznetsov – The St Petra Russian Symphony Orchestra – 2016 – Prise de son acide, orchestre maigrelet. 6
Michael Tilson Thomas – San Francisco Symphony – 2017
Une belle version, avec un superbe équilibre orchestral, de l’animation, cordes un peu raides. 8
Philippe Herreweghe – Orchestre des Champs-Elysées – 2007 – De belles couleurs au début, c’est ensuite bien lent et lourd, scherzo squelettique, problèmes de balance. 5,5

Conclusion :

  1. Les symphonies de Schumann sont bien délicates à diriger.
  2. La plus récente des versions retenues, et du seul chef encore vivant, est celle du vétéran Fedosseïev – 82 ans. On est peut-être un vieux barbon, mais on attend toujours un jeune chef d’envergure…
  3. Si on admet les libertés de Stokowski, je crois qu’aucune des 6 versions retenues ne décevra, sans compter certaines abandonnées seulement en fin de parcours.
  4. Je ne sais si les plateformes de streaming finiront par être bénéfiques aux artistes et aux éditeurs, mais elles me permettent de me livrer à mon plaisir solitaire favori…
  5. Pour Qobuz, ce serait bien que la recherche accepte des orthographes approchées : rechercher Fedosseïev, c’est du sport !
  6. On ne sait pas ce qu’Oskar en a pensé…

Quelques extraits :

Schumann - Symphony 2

 

5 réflexions sur « Robert Schumann – Symphonie 2 – Ecoutes comparées »

  1. Je sais de longue date que tu préfères la seconde version Kubelik -cf. site dédié-, ce qui me laisse pantois, du fait, déjà, d’une prise de son parfaitement ratée, et d’un jeu d’orchestre nettement moins bon qu’à Berlin.
    Pour ma part, j’aime beaucoup, dans cette symphonie -celle de Schumann que j’écoute le moins, au demeurant- Karajan, opulent mais assez épique, Gardiner -c’est, dans la perspective envisagée, le plus intéressant, assez chantant et très transparent- et Sinopoli, ainsi que Kubelik 1. Je vais essayer, par ailleurs, de trouver le Fedosseyev, chef assez original et que j’aime bien en général.

    1. il y a longtemps j’avais passé la 3 par Kub et HvK à mon épouse : elle préférait cent fois Karajan à mon grand désarroi.
      La 3e avec la Bavaroise qui avait eu les faveurs de la tribune des critiques de disques à sa sortie si je me souviens bien.
      C’est assez mal enregistré, déroutant, mais pour moi la plus « polyphonique » des intégrales

  2. Cotation trops « sévère » pour Wolfgang Sawallisch … pour moi, « LA » version de référence !!! D’accord par contre, s’agissant des « baroqueux » que l’on peut TOUS jeter au panier !!!

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