Regis Campo – Le Michel Serrault de la contemporaine

Régis Campo (1968*) – Le Michel Serrault de la contemporaine

Régis Campo
Régis Campo

Un survol de la musique de ce ludion de la musique contemporaine, compositeur aux nombreuses distinctions et au catalogue déjà très fourni. Si l’on cite souvent parmi ses compositeurs préférés Mahler, Stravinsky, Ives, Dutilleux ou Olivier Messiaen, ses sources d’inspiration me paraissent bien plus variées (Ligeti, Reich, voire Lachenmann…) et son esthétique fait penser à Ravel de part son second (au moins) degré, une apparente bonne humeur en plus.

Pop-Art

Cet album présente :

  • Concerto pour piano et orchestre (1999) en 2 parties (la 1e intitulée  Les horloges en référence aux métronomes utilisés) – Enregistrement public de Jay Gottlieb, l’orchestre philharmonique de Radio-France dirigé par Pascal Rophé lors de la création en 2000 à la Maison de la Radio.
  • Music to hear (1999) pour 7 voix et 5 instruments d’après des sonnets de Shakespeare par Musicatreize dirigé par Roland Harabèdian
  • Pop-Art (2002) pour flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano sous la direction de Kanako Abe.

Difficile de caractériser ce concerto en 2 mouvements, le second comprenant une cadence improvisée par l’ébouriffant Jay Gottlieb. L’auteur est assez peu disert pour le 1er mouvement : « le piano se libère du temps métronomique pour se figer ». Disons que c’est plein de figures rythmiques brillantes, vivantes, au piano omniprésent. Le 2e mouvement, outre donc sa cadence, propose des conversations piano / percussions, cuivres le tout dans une ambiance rythmique « alla Messiaen ». Tout cela est effectivement auditivement jouissif!

Music to hear est supposé reprendre l’esthétique de l’album Sgt Peppers’ ; ça nous a un peu échappé (on aimerait avoir le texte qui comprend une note citant Poppermost : Considérations sur la mort de Paul McCartney : on est fan depuis toujours de Popaul…). On ne comprend pas l’auteur quand il déclare que le matériau de ce cycle est « l’artifice, l’impropre, le déchet » : cela paraît très proprement composé, nimbé sans doute d’une légère mélancolie MacCartneyenne…

Pop-Art : malgré encore une fois ses propos, décidément, si l’œuvre présente une certaine âpreté dans le jeu des instrumentistes, c’est encore une pièce superbe de vie, « sexy et pleine d’astuces ». Si les couleurs ne sont pas outrancières comme l’indique le compositeur, c’est peut-être dû à l’excellence des musiciens ?

Bref un disque assez enthousiasmant.

Ombra Felice

Il s’agit en fait de 3 quatuors à cordes, interprétés par le quatuor Diotima :

  • Les heures maléfiques (2005-2007) – 1er
  • Ombra felice (2007) – 2e
  • Quatuor à cordes n°2 (2006)
  • The Life & Soul of his imagined Landscape (2009) pour trois quatuors à cordes

Les heures maléfiques est une œuvre onirique en un seul mouvement de 20′. Ombra felice (Ombre heureuse – Air de Mozart K. 255) est en 2 mouvements, Notturno & Adagio tranquillo. Comme pour le 1er, on a abandonné ici les jeux réjouissants du précédent CD pour une musique très intérieure, presque planante parfois. L’ambiance générale du 1er mouvement est celle d’un adagio mahlérien, c’est d’un beauté très prenante. Le 2e mouvement est d’une atmosphère encore plus zen, un peu un écho au Jardin du sommeil d’amour… Le quatuor n° 2 est d’atmosphère plus dansante au départ, avec des réminiscences de Flûte enchantée semble-t-il, de nombreuses ritournelles se succèdent dans un ambiance un peu concerto grosso à la Martinu ; disons que cette fois composition est un peu plus ‘attendue » que les œuvres précédentes.
Enfin, The Life & Soul of his imagined Landscape sur un motif obstiné en pizz poursuit cette musique introspective dans une mélancolie toute Purcellienne.

Laterna Magica

Un CD sous forme de voyage musical avec pas moins de 15 œuvres du soliste à l’orchestre.
On y trouve pêle-mêle un Ouverture en forme d’étoiles, pour orchestre, tourbillonnante et enjouée, toujours avec ses fréquents ostinatos et une élégante orchestration.
Le CD est émaillé de pièces pour piano, un amusant Pic-vert pour piccolo et piano, 2 pièces pour flûte solo : Phenix & Sphinx, Cinq mélodies pour soprano et piano, Epiphanie pour violoncelle seul et 2 mouvements pour violoncelle et piano. Le CD porte le titre d’une pièce pour accordéon, qui renouvelle certainement le répertoire pour cet instrument ! Suit un Capriccio pour orgue, façon boite à musique et Musique lunaire pour 4 percussions (plutôt des « sonneurs » que des percussionnistes), œuvre d’une atmosphère très étrange.

Trois albums d’une musique très originale et accessible au commun des mélomanes !

P.S. : C’est l’auteur qui se dit lui-même » proche de Michel Serrault ».

 

 

 

 

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