Philippe Hurel – Phonus ou la voix du faune

Philippe Hurel – Phonus ou la voix du faune

Philippe Hurel - Phonus
Philippe Hurel – Phonus

 

Je dédie ce petit papier à la mémoire de mon père, Hubert, décédé le 17 décembre dernier.

De même que pour les reprises en concert, il faut bien avouer que l’on revient à finalement peu d’œuvres de musique contemporaine chez soi, sauf quelques-unes, comme par exemple, parmi celles que l’on a pu étudier récemment : Inharmonies de Philippe Manoury, Vulcano de Yann Robin, les Duos de Pascal Dusapin ou encore L’Afrique, l’Asie d’Hugues Dufourt. Il faut y inclure absolument Phonus de Philippe Hurel. Autant reproduire ici la présentation de l’auteur lui-même, qui insiste à juste titre sur l’importance attachée à la couleur dans cette œuvre :

« Lorsque Benoît Fromanger m’a demandé d’écrire une pièce pour flûte et orchestre en rapport avec le Prélude à l’après-midi d’un faune, j’ai tout de suite été très enthousiaste. J’ai commencé par relire la partition de Debussy avec attention en essayant de laisser venir à moi les idées de façon intuitive, sans essayer de prendre le matériau debussyste. Pourtant, ma pièce fait largement référence à la thématique du début du Prélude, à son chromatisme en particulier, et se présente comme une variation de ce chromatisme. Mais contrairement à mes habitudes, je n’ai pas tout organisé à l’avance. Je me suis laissé guider par des « impressions », des sensations de couleurs – j’ai pris à cet effet la même instrumentation que Debussy – et j’ai eu recours au fur et à mesure de l’écriture à des techniques variées pour renouveler la couleur harmonique tout le long de l’oeuvre: techniques spectrales (analyse, compression et dilatation de spectres, modulation de fréquences, fondamentale virtuelle…) ou utilisation plus libre de superpositions modales. La première partie de la pièce est un long trajet vers la libération du flûtiste qui, dans un long solo, finit par faire entendre sa voix (phonos) dans un cri, après une sorte de « danse » rythmique et répétitive. A partir de ce moment, la musique se montre de plus en plus rythmique et les matériaux exposés avant la cadence du soliste se superposent, se mélangent et se confondent pour aboutir d’abord sur un trio des trois flûtes qui se présente comme une variation de la cadence du soliste et enfin sur un tutti violent où le chromatisme du « Faune » prend désormais toute la place. L’oeuvre fonctionne sur un principe de « réitération » très cher à Debussy mais qui fait aussi partie de mon travail depuis longtemps avec l’utilisation de la répétitivité, du bouclage, techniques développées dans ma série de pièces solistes intitulée Loops. Phonus se termine par quelques accords posés qui, comme au début de l’oeuvre, font toujours entendre le do dièse et le sol du motif de Debussy joué par la flûte solo dans l’après-midi d’un faune. Phonus est une commande de mes très chers amis Barbara et Luigi Polla et est dédié à Ada Polla et Lars Tray.« 

Le CD présente ici le concert de la création avec donc Benoît Fromager, l’orchestre philharmonique d’Oslo étant dirigé par Christian Eggen.
Ici les dernières minutes de l’œuvre :

Le CD est complété par deux œuvres importantes du compositeur : Figures libres axées sur des préoccupations d’ordre rythmique et 4 Variations pour percussion et ensemble, témoin de son évolution vers des formes en variation et des boucles répétitives.

Un disque passionnant.

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