François Meïmoun – La Construction du langage musical de Pierre Boulez

Un livre Aedam Musicae

Ce livre est issu d’une thèse du compositeur François Meïmoun, dont on avait beaucoup apprécié le premier CD anthologique paru l’an dernier.


Dans une première partie, il dresse un panorama de la musique dans la France de l’entre-deux-guerres, la France occupée et l’après-guerre en développant les notions d’avant-garde et de modernité, jusqu’à l’enseignement de René Leibowitz.
Avant-guerre « les avant-gardes émergentes se succèdent et ont en commun de vouloir se dresser contre les modernités agissantes » (post-sériel contre néoclassiques ). Sont alors analysées :

  • L’époque de la Jeune France (1930 : d’Indy : Fantaisie sur un vieil air de ronde française et Varèse : ionisation…), à Stravinsky, Schönberg et le relativement méconnu René Leibowitz.
  • La période de l’Occupation avec son faux-semblant de la continuité d’une libre activité culturelle et la volonté de mettre sous le boisseau la modernité.
  • Le parcours du jeune Boulez, de Lyon à Paris (amusant de constater son intérêt pour la musique de Karol Szymanowski pendant son apprentissage : il enregistrera sa Symphonie n° 3 à l’âge de 85 ans), Paris où il suivra les cours d’Olivier Messiaen. À noter que Dutilleux était membre du jury pour le concours d’harmonie où Boulez reçut le premier prix et l’influence qu’ont pu avoir les Ondes Martenot sur le jeune Boulez (Quatuor pour ondes Martenot, utilisation des quarts de ton, projet de voyage musical en Indochine, importation d’instruments d’Afrique ou de Bali, importance d’Honegger et de Jolivet).
  • Leibowitz, « l’illumination » du Quintette opus 26 de Schönberg, Boulez : « l’invention rythmique de Messiaen et Leibowitz : l’organisation sérielle des hauteurs », apologie de la technique, de la logique, versus plaisir et jouissance immédiate ». Rupture sur la place trop faible accordée par Leibowitz à Webern contrairement à Schönberg. Puis sont évoquées les figures de Jean-Louis Barrault, René Char, Antonin Artaud

La deuxième partie aborde les caractéristiques de la musique de Pierre Boulez avant de s’intéresser plus particulièrement à sa Première sonate pour piano.
L’écriture de cette sonate aura commencé en 1946 jusqu’à son édition en 1951. Analyse intéressante de l’évolution de la partition, mêlant clusters à la Jolivet ou à la Messiaen avec la grammaire sérielle. La Première sonate « rassemble et synthétise l’ensemble des gestes pianistiques contenus dans les Notations. » Suivent des analyses sur l’évolution des techniques employées.

Un livre foisonnant et passionnant, érudit, très bien écrit ; on regrette juste que le propos ne permettait pas de faire figurer une analyse complète de la partition de la Première sonate.
Aedam Musicae

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