Evocations dutilleuses

Hommage à Henri Dutilleux - Fabrice Bihan - Philippe Bourlois - Triton
Hommage à Henri Dutilleux – Fabrice Bihan – Philippe Bourlois – Triton

Présentation du CD sur le site : « Pour le Festival Les Inouies 2011 à Arras (Pas-de-Calais), Fabrice Bihan et Philippe Bourlois ont commandé à plusieurs compositeurs une pièce de cinq à six minutes, à l’image des Strophes pour violoncelle seul (qui prennent tout naturellement place dans ce CD) de Henri Dutilleux, en hommage à celui-ci.
Les compositeurs pouvaient choisir leur formation : violoncelle/accordéon ou duo. Ce CD présente les réponses de N. Bacri, P. Burgan, R. Campo, B. Cavanna, J.R. Combes-Damiens, Ph. Hersant, V. Paulet, J. Lenot, O. Penard et V. Wimart qui se réfèrent donc tous à l’une des œuvres de H. Dutilleux, avec comme contrainte supplémentaire celle d’en faire une brève citation. Henri Dutilleux a entendu, écouté, approuvé avec enthousiasme ces différentes pièces, qui furent toutes créées à Arras. »

Un bel hommage qui vient à point nommé, pour un duo singulier, autour des Trois strophes sur le nom de Paul Sacher. partition qui devient un tube : entendue récemment dans le dernier cd d’Emmanuelle Bertrand, puis par Mathieu Lejeune dans un concert de Musica Universalis et enfin, superbement d’ailleurs, par Victor Julien-Lafferrière dans un récital organisé par Eric Tanguy à Montreuil. On a ici une fort belle version de ces Trois strophes par Fabrice Bihan, à la sonorité claire et bien timbrée. On est d’ailleurs comme en écho aux 12 œuvres commandées par Rostropovitch en hommage au mécène et chef d’orchestre Paul Sacher (de son vivant en 1976), avec des œuvres de compositeurs, outre Dutilleux, très différents : Beck, Berio, Boulez, Britten, Fortner, Ginastera, Halffter, Henze, Huber, Holliger & Lutoslawski,

Philippe Hersant – Strophe. Basée sur le thème S A C H E R est une pièce lancinante, d’une belle simplicité, comme obsédée par son dédicataire.

Nicolas Bacri –  Métamorphoses – pour violoncelle seul nous a paru présenter beaucoup moins d’intérêt, monochrome et aux phrasés un peu systématiques.

Bernard Cavanna – Pour Geneviève et Henri – pour accordéon et violoncelle – Retour à de l’inventivité : le début avec l’accordéon sonnant comme un orgue, les alliages de timbre entre les deux instruments ; le violoncelle devient ensuite très expressif, le tout un peu « à la Dutilleux », superbe et émouvant.

Vincent Paulet –  Instants / Litanies – pour accordéon et violoncelle. Deux litanies précédées d’une brève introduction, une bien belle pièce, très structurée, qui fait penser fortuitement sans doute à Jehan Alain.

Jacques Lenot – Houles – pour violoncelle seul, est inspiré du 3e mouvement éponyme de Tout un monde lointain.  sorte de grande cantilène pour violoncelle de 5′, très prenante.

Olivier Penard –  Charade – Programme malicieux sous forme de charade pour accordéon et violoncelle. Une pièce peut être plus extérieure, mais ludique, rythmée et originale.

Patrick Burgan – « Songe à la douceur » pour violoncelle seul. Non, il ne s’agit pas de Duparc. Sous les auspices baudelairiens donc, il s’agit d’une série de couplets-refrains avec un retour de notes en pizzicatos façon Strophes. Très beau bis pour violoncelliste…

Vincent Wimart – Échos nocturnes – pour accordéon solo, pièce inspirée par le quatuor Ainsi la nuit, au caractère nocturne, baudelairien dans sa très belle première partie.

Régis Campo – Au cours du temps – pour violoncelle seul.  Pièce également inspirée d’Ainsi la nuit. Superbe écriture virtuose pour le violoncelle, certainement redoutable pour l’intonation.  On regrette qu’elle ne dure que 5′ tant elle propose de variété.

Jean-René Combes-Damiens – « …d’une empreinte diaphane posée »   pour accordéon et violoncelle. La pièce la plus longue de ce CD (8′) propose de beaux dialogues entre les deux instruments, ponctuée de pizz « alla Strophes ». La lecture du poème de l’auteur ne semble pas d’une grande nécessité

Un très bel et original hommage à Henri Dutilleux qui n’a d’ailleurs jamais écrit pour accordéon, Boulez non plus, mais peut-être que Manoury (son frère est un virtuose du bandonéon…) ?

3 réflexions sur « Evocations dutilleuses »

  1. Ajoutez y l’article de Nicolas Bacri paru dans la Nouvelle Quinzaine Littéraire N°1143 (16-31 janvier 2016) à l’occasion de la parution du coffret Erato de l’œuvre du maître

  2. Je suis heureuse que grâce à R. Campo ce CD puisse enfin recevoir une critique et mise en valeur !

    Aurez-vous le temps Monsieur de passer à Musicora ?
    j’y serai Vendredi toute la journée et soirée et samedi matin : voici mon numéro de téléphone si vous yvenez ce serait l’occasion de faire connaissance : 06 25 72 18 58.

    Cordialement

  3. Merci pour ce bel article !
    Pour information, Henri Dutilleux a bien dédié quelques pages à l’accordéon dans ses dernières œuvres : « Le temps, l’horloge » et « Correspondances ».
    Cordialement

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