Bérénice de Michael Jarrell à Garnier

J’ai assisté à la pré-générale du nouvel opéra de Michael Jarrell, Bérénice avec dans les rôles titres Barbara Hannigan (Bérénice) et Bo Skovhus (Titus), sous la direction de Philippe Jordan.
Quand je donne mes modestes conférences sur l »opéra, je commence par quelques citations dont celle de George Bernard Shaw : « Un opéra, c’est une histoire où un baryton fait tout pour empêcher un ténor de coucher avec une soprano. » Dans la tragédie de Racine, remaniée et modifiée par le compositeur, pas de coucherie, pas de meurtre, juste les tourments de Titus partagé entre son amour pour la reine de Palestine Bérénice et les nécessités de sa charge à la tête de l’Empire romain – le tout en alexandrins :
 
Depuis la mort de Vespasien, père de Titus, tous s’attendent à une légitimation des amours qui lient celui-ci à Bérénice, reine de Palestine. Antiochus, roi de Commagène, ami proche de Titus, est secrètement amoureux de Bérénice depuis de longues années ; il décide, à l’approche du mariage désormais imminent, de fuir Rome – ce qu’il annonce à Bérénice en même temps qu’il lui avoue son amour pour elle. De son côté, Titus ayant sondé les assemblées romaines qui s’opposent aux noces proposées décide de renoncer à prendre pour femme Bérénice. Il envoie Antiochus annoncer la nouvelle à la reine. Celle-ci, sachant désormais les sentiments que l’ami de Titus nourrit pour elle, refuse de le croire. Pourtant Titus vient à lui confirmer qu’il ne l’épousera pas, tout en la suppliant de demeurer à son côté, ce que, in fine, refuse Bérénice.

C’est donc une gageure de porter un tel texte à l’opéra : tenir en haleine le public avec si peu de rebondissements spectaculaires. Pari tenu par Michael Jarrell. Une musique fluide aux superbes couleurs (pas de chœur, le peuple romain est figuré par l’électronique) soutient l’action mise en scène avec efficacité, la mise en scène habile de Claus Guth et enfin l’exceptionnelle qualité et présence des deux rôles titres – sans oublier le chef Philippe Jordan : on ne lâche pas l’action une minute de bout en bout.

Ce petit papier qui n’est pas une critique de spectacle pour inciter les amateurs à aller y assister ; sept représentations du 29/9 au 17/10, il reste quelques places :

https://www.operadeparis.fr/saison-18-19/opera/berenice

 

 

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