Prince d’orchestre – Metin Arditi

Prince d’orchestre – Metin Arditi – Actes Sud

Prince d'orchestre - Metin Arditi
Prince d’orchestre – Metin Arditi

« Et il s’élevait à cet instant de la salle un extraordinaire bonheur de vivre ».

La dernière phrase du livre est bien loin de refléter l’histoire qu’il nous conte, celle de la lente désintégration d’un prince du podium. Musicien aux dons exceptionnels, sa chute débuta à cause de la cloche du glas du Dies Irae de la Fantastique : un percussioniste remplaçant n’arrivait pas à anticiper le tempo alors qu’il donnait ses coups en coulisse ; le chef d’orchestre héros du livre, Alexis Kandilis, se rappelant sans doute les emprunts de Berlioz aux chants traditionnels montagnards suisses, en lui assénant : « Dans mon pays, là où il y a des cloches, il y a des vaches ». L’effondrement du musicien fut relaté à un journaliste du monde (Christian Merlin ?) ; ce sera le début de la fin : victime de sabotages volontaires de la part des orchestres, Kandilis verra de plus lui échapper ce qui aurait dû sceller définitivement son emprise sur le mode symphonique : l’enregistrement du « B16 » : une trouvaille de l’auteur : il s’agit simplement de l’intégrale symphonique Beethovénienne : 9 symphonies + 5 concertos pour piano + le concerto pour violon et le Triple (il aurait pu faire « B17 » avec la Missa…).

Le chemin qui nous mène à la catastrophe finale – annoncée dès la première page – le verra frayer avec une jet-set impitoyable, se perdre au jeu, aller en asile psychiatrique pour se réconforter en apparence dans les bras de deux lesbiennes d’âge avancé. Son histoire se croisera avec celle d’un vieux juif au chevet permanent de son fils, dans le coma depuis un attentat suicide à Jérusalem. Obsédé par les Kindentotenlieder depuis la mort de son frère dont il se sentait responsable, c’est en les chantant au piano devant ce fils dans le coma que ce dernier donnera les premiers signes de renaissance…

On ajoutera qu’il donnera son dernier concert avec la 9e de Beethoven, avec de tels décalages que l’orchestre seul se démènera comme au bord du précipice pour donner une interprétation que tout le monde s’accorda à trouver magistrale. D’où l’idée de Kandilis de composer un énorme cycle symphonique qui devait être joué sans chef afin de créer la tension nécessaire au sein de l’orchestre.

La description que nous livre l’auteur, entre autres Président de l’Orchestre de la Suisse romande, de l’univers professionnel de la musique classique paraît bien noir, à l’instar du livre de Norman Lebrecht, Maestro. Il n’empêche que malgré certaines facilités et quelques longueurs, ce livre se dévore comme un polar !

Interview de l’auteur :


Metin Arditi | Prince d’orchestre par ActesSud

Prince d’orchestre – Metin Arditi – Actes sud – 2012 – 373 p. – 21,80 €

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