Philippe Manoury – Inharmonies – Accentus – Laurence Equilbey

Philippe Manoury – Inharmonies – Accentus – Laurence Equilbey

Philippe Manoury - Inharmonies - Accentus - Laurence Equilbey
Philippe Manoury – Inharmonies – Accentus – Laurence Equilbey

Laurence Equilbey : on avait eu d’excellents échos des ses Vêpres de Rachmaninov et on est fan de son disque de transcriptions, notamment celles de Mahler.  

Laurence Equilbey: I have had excellent echoes of her Rachmaninov’s Vespers and am rather fan of her disc of transcriptions, in particular those of Mahler.

Interview de Laurence Equilbey à propos d’Inharmonies (FR)

Récemment réjoui à l’audition de CDs de Philippe Manoury, voilà que l’on découvre ce disque qui nous avait échappé lors de sa parution l’an dernier.

On ne s’attendait évidemment pas à ce que les textes soient du niveau de « Au clair de la lune » (titre qui fait finalement penser aux Viennois et à Dutilleux…). Non, là on est dans du dur : Héraclite, Leonardo, Trakl…

La première œuvre présentée, Fragments d’Héraclite (2002-2003), commence non par le chœur mais par des instruments tintinnabulants avec quelques chuchotements. Les voix font leur entrée et, malgré quelques tintements et cris, on est pris de suite par l’intériorité de l’œuvre : quelle maîtrise d’écriture (on aimerait regarder la partition) et d’interprétation ! L’auteur m’en voudra certainement de penser que cette pièce se situe finalement dans la filiation de l’oratorio français, même si l’on n’est évidemment pas dans le Saint-Sulpicien… Une musique à la fois très intériorisée tout en étant d’un écriture virtuose.
Deux remarques : comme souvent dans les œuvres modernes pour ensembles dissociés, il est assez difficile ici de différencier dans son salon les 3 groupes de chanteurs ; d’autre part on n’imagine pas cette œuvre chantée par le Chœur de Radio France ou celui de la Radio Bavaroise ou même un autre chœur de chambre : c’est vraiment fait pour Accentus, qui nous transmet là un vrai chef d’œuvre.

Inharmonies (2008) est une pièce plus expérimentale, écrite en fonction de possibilités apportées par la création d’un diapason électronique par P. Manoury, permettant d’indiquer à l’exécutant n’importe quelle fréquence, même bien en deçà du demi-ton. Un extrait est disponible sur le site du Compositeur.

Slova (2001-2002) a été écrite à la suite de son opéra K… En 3 mouvements, dont 2 ajoutés ultérieurement,  l’auteur parle à son sujet d’une réminiscence de symphonies de Mahler, ce qui se ressent effectivement. La virtuosité du chœur dans le 3e mouvement « angoisse » est impressionnante.

Enfin, Trakl gedichte (2006) nous apporte encore son lots de sonorités sidérales – et sidérantes.

Bref, ce petit papier pour interpeller encore notre lecteur idéal (« le mélomane honnête qui veut bien s’intéresser à la musique ‘contemporaine’ « ) : qu’il sache qu’après l’écoute, on a envie de rejouer ce CD plutôt que celui des transcriptions de Mahler par Accentus…


(12/3/13) : J’y reviens, sur  Fragments d’Héraclite : pour confirmer qu’il s’agit pour mois d’un chef d’œuvre remarquable. Je ne saurais pas analyser les alliages sonores qu’il obtient du chœur, c’est extrêmement sophistiqué et pourtant mes oreilles boivent ça comme « du petit lait ». Ça ne fonctionne évidemment pas en termes de « tension – détente » comme dans la musique tonale, mais la variété de registres, de temps, de dynamiques donnent l’impression d’une organisation comparable. C’est remarquable qu’après par exemple Messiaen, Ligeti ou Penderecki, on puisse écrire une œuvre chorale si originale et aboutie.
Dans mon projet de grand papier pour amener l’honnête mélomane à la musique contemporaine, Fragments y figurera sûrement. Et que l’auteur se rassure, ça ne sonne pas Allemand !

/Recently delighted by CDs of Philippe Manoury, I have just discovered this CD which I missed at the time of its publication last year. 

The first work, Fragments of Heraclites (2002-2003), starts not with the chorus but with tintinnabulations and some whispers. The voices make their entry and, in spite of some noises and shouts, one is taken by the interiority of work: what mastery (we would be interested in viewing the score) and what interpretation! The composer won’t be happy to read this maybe: that this piece for me is ultimately in the filiation of the French oratorio. A music at the same time very interiorized while being so virtuoso. 

Two notes: as often in modern works for dissociated sets, it is rather difficult to differentiate here in his living room the 3 groups of singers; in addition, we can’t imagine this work sung by the Radio France Chorus or that of the Bavarian Radio or even another chamber chorus: it is really done for Accentus, which transmits there a true chef d’œuvre

Inharmonies (2008) is a more experimental part, written according to possibilities brought by the creation of an electronic diapason by P. Manoury, allowing to indicate to the performer any frequency, even well below the semitone. An extract is available on the composer’s site

Slova (2001-2002) was written following the opera K… In 3 movements, including 2 additions later on, the author speaks about it of a reminiscence of Mahler’s symphonies, which can be heard. The virtuosity of the chorus in the 3rd movement “anguish” is impressive.

Lastly, Trakl gedichte (2006) still brings its batches of sidereal – and striking sonorities to us. 

In short, this small paper to still challenge our ideal reader (“the honest music lover who wants to discover some “contemporary” music”): he must know that after the listening of this CD showing so much inventiveness, one wants less to play the CD of the transcriptions by Accentus than the 1st track of this one…

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