Patricia Kopatchinskaja – Bartok – Poulenc – Ravel

Le mélomane français est parfois bien à la peine avec les noms d’interprètes étrangers : sans remonter à Guennadi Rojdestvenski, il faut mémoriser des Lisa Batiashvili, Khatia Buniatishvili, et voilà une nouvelle ‘star’ : Patricia Kopatchinskaja.

Poulenc - Sonate
Dohnanyi : Coppélia valse
Bartók: sonate n° 2
Ravel : Tzigane
Patricia Kopatchinskaja, vioon
Polina Leschenko, piano
Alpha

J’avais aperçu des publicités de la violoniste d’origine moldave – Patricia Kopatchinskaja donc – et je viens de lire une critique de ce disque dans la presse spécialisée où l’auteur du papier, après avoir agonisé ce CD, semble un peu chafouin qu’il ait été encensé par la presse spécialisée anglaise.

On peut certes parfois trouver ces interprétations un peu border line tant elles sont engagées tant dans la réalisation instrumentale que dans le propos musical et sans doute une nervosité de jeu un peu Europe centrale pour cette violoniste d’origine moldave

Patricia Kopatchinskaja a une sonorité très fine et une vélocité à toute épreuve, ainsi que la pianiste Polina Leschenko d’ailleurs. L’essentiel est que leurs interprétations engagées (extrêmes dit l’éditeur) sont de ce fait passionnantes :

Poulenc : pas de franchouillard ici,de la vie de l’imagination ce qui n’empêche pas de la poésie (passage lent du 1er mouvement), on pourra certes moins goûter les portamenti de la fin du 3e.

Après un intermède pianistique bienvenu d’une transcription de Coppélia, tout de légèreté, le morceau de résistance, la 2e sonate de Bartók.

Jelly d’Arányi
Jelly d’Arányi

En fait, le programme de ce CD est construit autour de la violoniste Jelly d’Arányi (1893-1966), petite nièce de Joseph Joachim : elle avait essayé de faire composer une sonate pour violon à Poulenc et elle inspira à Bartók la composition de ses deux sonates pour violon. (cf. aussi en anglais).
Livret : « Quand Maurice Ravel (1875-1937) entendit Jelly d’Aranyi en 1922 interpréter sa Sonate pour violon et violoncelle, il lui demanda ensuite de lui jouer des mélodies tziganes jusqu’à cinq heures du matin, qu’il accompagna au piano. Le 8 avril 1922, elle joua la Première Sonate de Bartók avec le compositeur lors d’un concert privé à Paris. Le tourneur de page était Ravel pour Bartók, et Poulenc pour d’Aranyi. Stravinsky était aussi présent, ainsi que Szymanowski, Milhaud, Honegger et Roussel. À cette occasion, Ravel aurait dit à Bartók : « À l’intention de notre amie, qui joue si aisément, vous m’avez convaincu de composer un petit morceau dont la difficulté diabolique fera revivre la Hongrie de mes rêves et, puisque ce sera du violon, pourquoi n’appellerions-nous pas cela
“Tzigane” ? » Composer un morceau de ce genre pour la violoniste de Bartók était une provocation intentionnelle, car ce dernier avait déclaré peu auparavant dans la Revue musicale à quel point il détestait l’inauthenticité de la musique tzigane et des œuvres à caractère hongrois de Liszt et de Brahms. D’Aranyi ne reçut la partition de Tzigane que deux ou trois jours avant la création ».

Ici aussi, on pourra trouvé le jeu de la violoniste un peu outré, mais que de vie et d’imagination sonore !

Enfin Tzigane donc, façon très rhapsodique avec des modes de jeu très sophistiqués. La pianiste est en accord avec cette fantaisie « extrême ».

Peut-être pas pour tous les goûts, mais passionnant et souvent fulgurant.

 

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