François-Frédéric Guy – Hugues Dufourt – Claude Debussy

François-Frédéric Guy – Hugues Dufourt – Claude Debussy – Cité de la musique – 6/11/2013.

Cycle Debussy - Dufourt - Cité de la musique
Cycle Debussy – Dufourt – Cité de la musique
[Je voudrais dédier cet article à mon ami d’enfance, Patrick, décédé hier soir à la même heure que le concert ; il me plaît à penser que cela s’est produit pendant le bis « les pas sur la neige »…]

C’était la première fois que l’on entendait François-Frédéric Guy en concert. L’homme est hyper-concentré, presque sévère, pas de pauses ou de minauderies ici, juste parfois quelques « prises d’air » avant de donner le poids et la couleur exacts à un accord. Doté d’une palette dynamique à la fois très étendue et superbement maîtrisée, on n’imagine pas a priori ce pianiste à la taille finalement modeste être en mesure de nous sortir des ffff aussi pleinement sonnants.

La 1e partie était consacrée à Erlkönig d’Hugues Dufourt, pièce d’environ 30′ créée par et dédiée (2006) à François-Frédéric Guy. Je faisais remarquer hier à Hugues Dufourt que sa présentation de l’œuvre reprise dans le programme était finalement peu informative. Il me répondit qu’on avait dû lui limiter la longueur de son texte. Il me semble que de façon générale, on ne fait pas assez de pédagogie : le mélomane moyen non rompu à la « contemporaine », déjà moyennement enclin à entendre de la musique non tonale, la fuira comme la peste si en plus il a l’impression de ne rien y « comprendre » – et c’est donc bien triste de voir, malgré la qualité du programme et la notoriété du soliste, l’amphithéâtre de la Cité de la musique seulement rempli aux 3/4. Pour en revenir à Erlkönig, cette balade, d’après Goethe, nous entraîne dans un univers fait aussi bien de lancinantes ritournelles que de cavalcades échevelées :  François-Frédéric Guy y est simplement étourdissant.

Le 2e cahier de Préludes de Claude Debussy : Certains pourront ne pas aimer le Debussy de François-Frédéric Guy : son interprétation est décidée, contrastée, fait ressortir de nombreuses phrases intermédiaires, n’est jamais ‘brumeuse’ – on est loin de Gieseking ! Certains préludes étaient donnés de façon magistrale (Les fées…, La Terrasse…, Ondine ou « Pickwick »). Quand au bis, « Les pas sur la neige », c’était à en pleurer !

Bref, un pianiste exceptionnel à ne pas manquer, par exemple le 28 janvier prochain dans un programme tout Beethoven au Théâtre des Champs-Élysées.

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