Francesco Filidei – Giordano Bruno

Francesco Filidei – Giordano Bruno

Giordano Bruno au Théâtre de Gennevilliers
Giordano Bruno au Théâtre de Gennevilliers

Superbe soirée hier au Théâtre de Genevilliers pour Giordano Bruno du compositeur Francesco Filidei (1973*),  avec l’Ensemble Intercontemporain dirigé par Peter Rundel (distribution complète reprise ci-dessous pour mémoire).

L’oeuvre retrace en 12 tableaux le procès par l’inquisition et l’exécution de  Giordano Bruno, philosophe qui développa notamment les théories coperniciennes.

On ne connaît pas bien l’œuvre de ce jeune compositeur si ce n’est l’audition de son Esercizio di Pazzia pour 4 joueurs de ballons gonflables (il aurait écrit un autre « quatuor », cette fois pour partitions…).

Il est parfois difficile de faire le distinguo entre opéra de dimensions traditionnelles et opéra « de chambre » (cf. la liste de maintenant 3 000 opéras créés depuis 1945). L’avantage de l’opéra de chambre est de permettre des configurations plus libres pour les musiciens. Ainsi, l’Ensemble Intercontemporain était situé derrière le plateau, visible à travers une toile légèrement transparente – lui donnant un aspect presque onirique, dialoguant parfois avec des instruments joués sur scène (cloches, d’ailleurs omniprésentes). Deux « chœurs » : 6 femmes et 6 hommes ou plutôt des solistes vocaux.

Je voudrais insister sur la qualité, l’inventivité et l’originalité de la musique de Filidei, à tel point que l’on serait déjà comblé en assistant à une version de concert de cet opéra – et on espère qu’il fera l’objet d’une édition au moins en CD. A la fois ultramoderne et primitive, empruntant dans les passages vocaux autant au grégorien qu’à Palestrina ou à l’opéra italien – ou Bach : Filidei est un maître de la citation, elle produit des couleurs sonores inouïes, grâce aussi à un instrumentarium aussi varié qu’exotique. Elle alterne passages homophones et polyphoniques (le chœur de l’arrestation versus le procès par exemple). On aimerait bien la réentendre.

Outre une mise en scène inventive, rythmée mais sobre, on ne sait que louer le plus : les musiciens de l’EIC, l’ensemble superbement mené par Peter Rundel, qui n’hésita pas littéralement à « mouiller la chemise », les solistes-choristes, remarquables et les chanteurs, avec, outre le rôle titre, une mention spéciale au premier inquisiteur, Jeff Martin, aussi bon chanteur que comédien.

L’usage de fouets et d’un haute-contre m’ont fait penser à un de ses amis compositeurs, qui se reconnaîtra.

Le site de l’opéraLe site de T&M


Opéra en deux parties et douze scènes de Francesco Filidei
Livret de Stefano Busellato
Commande de T&M-Paris, Casa da Música, financée par la Ernst von Siemens Music Foundation. Avec le soutien du Réseau Varèse
Direction musicale Peter Rundel
Mise en scène Antoine Gindt
Scénographie Elise Capdenat
Lumière Daniel Levy
Costumes Fanny Brouste
Assistant à la direction musicale Léo Warynski
(dirige les représentations des 19 et 21 avril)
Collaboration à la mise en scène et assistante Élodie Brémaud
Dramaturgie et 2e assistante Solène Souriau
Création vidéo Tomek Jarolim
Maquillage, coiffure
Corinne Blot
Accessoires Pia de Compiègne
Chef de chant Yoan Héreau
Collaboration au mouvement Stéfany Ganachaud

Avec Giordano Bruno Lionel Peintre (baryton) L’Inquisiteur 1 Jeff Martin (ténor) L’Inquisiteur 2 Ivan Ludlow (basse) Pape Clément VIII Guilhem Terrail (contreténor)

Douze voix solistes :

Laura Holm, Eléonore Lemaire (soprano) Johanne Cassar, Lorraine Tisserant (mezzo) Charlotte Schumann, Aurélie Bouglé (alto), Benjamin Aguirre Zubiri, David Tricou (ténor) René Ramos Premier, Julien Clément (baryton)Antoine Herrera-López Kessel, Florent Baffi (basse)

Ensemble intercontemporain : Emmanuelle Ophèle (flûte), Alain Billard (clarinette), Philippe Grauvogel (hautbois), Jean-Christophe Vervoitte (cor), Benny Sluchin (trombone), Samuel Favre, Victor Hanna (percussions), Frédérique Cambreling (harpe), Jeanne-Marie Conquer, Hae-Sun Kang (violons), John Stulz (alto), Eric-Maria Couturier (violoncelle), Nicolas Crosse (contrebasse)

Musiciens supplémentaires: Loïc Chevandier (basson), Noé Nillni (trompette), Géraldine Dutroncy (piano), Anthony Millet (accordéon)

Production T&M-Paris

Coproduction Casa da Música, Festival Musica, T2G-CDNCC, Théâtre de Caen, Fondazione I Teatri di Reggio Emilia

Coréalisation, Ensemble intercontemporain
Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique/SACD, d’Arcadi Île-de-France
Pour Giordano Bruno, Antoine Gindt a bénéficié d’une résidence de travail à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis
Le livret de Stefano Busellato est tiré des textes originaux de Giordano Bruno et d’une sélection réalisée par Nanni Ballestrini

Création mondiale à la Casa da Música, 12 septembre 2015 avec le Remix Ensemble et Raquel Camarinha (soprano)

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