Berlioz – Harold en Italie

Berlioz – Harold en Italie

Chrétien Urhan
Chrétien Urhan

Pierre Lenert, alto super soliste de l’Orchestre de l’Opéra de Paris (nommé à 19 ans…) rappelait récemment que c’était son prédécesseur au poste d’alto solo de l’orchestre de l’Opéra de Paris, Chrétien Urban (1790-1845) qui créa l’œuvre en 1834 avec l’Orchestre du Conservatoire.
On a accès à une trentaine de versions éditées, en plus d’un concert de Kubelik que j’ai mis sur Youtube.
Voici la liste des enregistrements publiés que j’ai pu reconstitué :

William Primrose NBC Symphony Orchestra Arturo Toscanini 1939
William Primrose Boston symphony orchestra Serge Koussevitzky 1944
Gunther Breitenbach Vienna symphony Rudolf Moralt 1950
William Primrose Royal Philharmonic orchestra Thomas Beecham 1952
Frederick Riddle London Philharmmonic orchestra Hermann Scherchen 1953
Joseph de Pasquale Boston Symphony Orchestra Charles Munch 1954
Ladislav Cerny Czech Philharmonic orchestra Vaclav Jiracek 1955
Heinz Kirchner Berliner philharmoniker Igor Markevitch 1956
Carlton Cooley NBC Symphony Orchestra Arturo Toscanini 1956
Frederick Riddle Royal Philharmonic orchestra Thomas Beecham 1956
William Primrose Boston symphony orchestra Charles Munch 1958
Ladislav Černý Česká filharmonie Vaclav Jiracek 1959
William Lincer New York Philharmonic Orchestra Leonard Bernstein 1962
Klaas Boon Concertgebouw orchestra Pierre Monteux 1963
Rudolf Barshai Moscow Philharmonic Symphony Orchestra David Oïstrakh 1964
Georg Schmid Bavarian radio-symphony orchester Rafael Kubelik 1964
Walter Trampler London symphony prchestra Georges Prêtre 1969
Mikhail Tolpygo State Symphony Orchestra of the USSR David Oïstrakh 1972
Claude Durocq Orchestre philharmonique de Strasbourg Alain Lombard 1974
Daniel Benyamini Israël Philharmonic Orchestra Zubin Mehta 1975
Nobuko Imai London symphony orchestra Colin Davis 1975
Joseph Suk Czech Philharmonic orchestra Dietrich Fischer-Dieskau 1976
Donald McInnes Orchestre National De France Leonard Bernstein 1977
Pichas Zukerman Orchestre de Paris Daniel Barnebïom 1977
Robert Vernon Cleveland orchestra Lorin Maazel 1977
Yuri Bashmet Moscow RTV Symphony Orchestra Vladimir Fedoseyev 1981
Lubomir Jaly Czech Philharmonic orchestra Frantisek Jilek 1981
Wolfram Christ Berliner philharmoniker Lorin Maazel 1985
Douglas McNabney Orchestre symphonique de Québec Simon Streatfield 1985
Bruno Pasquier Orchestre de Montpellier Curil Diederich 1987
Pinkas Zuckerman Orchestre Symphonique de Montréal Charles Dutoit 1988
Gérard Caussé Orchestre Du Capitole De Toulouse Michel Plasson 1989
Yehudi Menuhin Philharmonia orchestra Colin Davis 1990
Gérard Caussé Orchestre révolutionnaire et romantique John Eliott Gardiner 1994
Laurent Verney Orchestre de l’Opéra Bastille Myung-Whun Chung 1996
Rivka Golani Orchestre Symphonique de San Diego Yoav Talmi 1996
Bruno Giuranna BBC Symphony orchestra Maxim Shostakovitch 1996
Rivka Golani San Diego Symphony Yoav Talmi 1996
Gérard Caussé Orchestra del Teatro de la Fenice Jean Fournet 1997
Lubiania RSO Anton Nanut 1998
Csaba Erdelyi New Zealand Symphony orchestra Marc Taddei 2001
Tabea Zimmermann London symphony orchestra Colin Davis 2003
Naomo Shimizu Sendai Philharmonic orchestra Kazuhiro Koizumi 2007
Jean-Eric Soucy South West German Radio Symphony Orchestra Sylvain Cambreling 2009
Ulrich Koch Sinfonie Orchester Des Südwestfunks Baden-Baden Jan Latham-Koenig 1992
Antoine Tamestit Les musiciens du Louvre Marc Minkowski 2011
Stefano Passaggio Zagreb Philharmonic orchestra Milan Horvat 2011
Daviid Aaron carpenter Helsinki Philharmonic orchestra Vladimir Ashkenazy 2011
Lise Berthaud Orchestre national de Lyon Leonard Slatkin 2014
Antoine Tamestit London symphony orchestra Valery Gergiev 2014
Milan Telecky Radio Symphony Orchestra Bratislava Onderj Leonard 2014

Le grand spécialiste de l’œuvre, qui participa au 1er enregistrement en 47 avec Koussevitsky (après un live de 1939 avec Toscanini) est William Primrose, il ne le fera pas avec Toscanini, au profit de l’autre altiste de l’orchestre, Carlton Cooley, mais on le retrouve avec Beecham en 1952 et Munch en 1958.

1er mouvement – Harold aux montagnes

Primrose / Boston / Koussevitsky – 1947 : La pochette indique que le perfectionniste Primrose n’était pas très heureux des changements de tempi du chef, notamment avant son entrée…
Le hautbois disparaît assez vite derrière des cordes excessivement sonores, ce sera le cas tout le mouvement, le soliste maîtrise son sujet, il y a de l’animation, du panache souvent, mais c’est assez bousculé comme direction. 7

Primrose / Boston / Munch – 1958 :  Tout est mieux y compris même la sonorité du soliste, tout est en place, les indications respectées. Un signe qui ne trompe pas : on avait un peu de mal à suivre la partition avec Koussevitsky, alors que ce n’est pas le cas ici. Superbe. 9

Kirchner / Berlin / Markevitch – 1956 : Impossible de trouver quelque élément sur Heinz Kirchner, sans doute l’alto solo de l’orchestre à l’époque. Tempo lent. Tout est très sollicité, dans un tempo un peu fluctuant. Belle prise de son avec un soliste très proche. L’arrivée du soliste avec la harpe en arrière-plan est extrêmement lente ; le soliste, à l’intonation un peu perfectible, sonne plutôt comme un violon, ça se traîne ensuite. L’orchestre est plus nerveux qu’exaltant, mais au moins c’est vivant. 7,5

Cooley / NBC / Toscanini – 1956 : Superbe introduction, la harpe est cette fois à côté du soliste, qui vibre beaucoup, ensuite de superbes climats voient se succéder quelques tunnels. 7,5

Černý / Czech Philharmonic / Jiracek – 1954 : Ladislav Černý était un célèbre soliste, ami d’Hindemith, autre célèbre altiste… Introduction assez plate. Tout est assez mou, prise de son pas très claire, jeu assez daté. 6,5

Lincer / New York / Bernstein – 1962 : William Lincer aura tenu le poste de premier altiste à New York de 1943 à 1972. Introduction animée et spectaculaire. Belle sonorité du soliste, mais son jeu n’est pas très prenant. beaucoup de panache à l’orchestre mais avec une prise de son un peu criarde. 7,5

Boon / Concertgebouw / Monteux – Live – 1963 : Klaas Boon était le soliste de l’orchestre. Introduction fiévreuse, superbement menée, harpe au second plan, soliste très sonore, mais toujours agréable de son. 7

Menuhin / Philharmonia / Davis – 1963 : Belle mise en valeur des timbres dans l’introduction, ça manque ensuite d’attaques, on veut manifestement son Berlioz plus policé que rustique. Le tempo se fige à l’entrée du soliste, on est presque dans la guimauve. Menuhin est très artiste, mais le tout n’entraîne pas vraiment, à part encore de belles sonorités. 7,5

Schmid / Radio bavaroise / Kubelik – 1964 : Introduction vivante, superbe soliste, c’est assez clair : il y a eu 2 grands chefs berlioziens : Munch et Kubelik, et on ne rit pas svp ! 9

Benyamini / Israël / Mehta – 1975 : Du son, du rythme, de l’animation, très beau respect de la partition, superbe soliste, what else ? 9

Imai / London symphony / Davis – 1975 : Encore une belle introduction, timbres plus fondus que 12 ans auparavant (pourquoi plager en 2 parties ce mouvement ?). La soliste a une ampleur sonore assez faible, tout cela est finalement assez pâle, même si l’on aura plus d’animation orchestrale à la fin. 7,5

Bashmet /  Moscow RTV Symphony Orchestra /  Vladimir Fedoseyev – 1981 : Assez belle introduction, qui prend son temps, manque de présence des cuivres, tout est vraiment bien lent, le soliste paraît bien indolent dans ce tempo, Superbe soliste, mais le tout s’enlise un peu. 7

Christ / Berlin / Maazel – 1981 : Wolfram Christ aura été pendant plus de vingt ans Premier alto soliste de l’Orchestre Philharmonique de Berlin avant de se consacrer à la direction. Introduction correcte dans un tempo plutôt lent, très ennuyeux. Rien ne sonne vraiment, c’est pâteux, amorphe. 5

Pasquier / Montpellier / Diederich – 1987 : Introduction correcte, cuivres pas très beaux, Bruno Pasquier faisait honneur à son illustre famille de musiciens, élégance, couleurs, justesse, c’est superbe. Problèmes de balance à l’orchestre : on n’entend pas du tout les violons parfois… On gardera cette version pour l’éloquence du soliste (qui semble être le vrai directeur musical…). 8

Zuckerman / Montréal / Dutoit – 1988 : Introduction allante, belle sonorité d’orchestre, soliste à la sonorité très pleine, vibrée, beaucoup de dynamisme. 8

Caussé / Toulouse / Plasson – 1988 : Une autre équipe frenchie. Introduction animée, très menée, soliste avec un très beau style, tout sonne très bien, c’est très vivant. 8,5

Koch / Sinfonie Orchester Des Südwestfunks Baden-Baden / Latham-Koenig – 1992 : Ulrich Koch : un très grand altiste, assez peu documenté sur le web.  Introduction correcte, un des plus beaux passages alto / harpe? Prise de son moyenne. 8

Caussé / Orchestre révolutionnaire et romantique / Gardiner – 1994 :  Une introduction à la sonorité assez molle, le soliste est pris d’assez loin, rien ne sonne vraiment. 6

Verney / Opéra Bastille / Chung – 1996 : Introduction plus jolie qu’habitée, c’est plat. Le soliste est pris d’assez loin encore, manque de contrastes dans son jeu. Tout cela sonne petit. 6

Golani / San Diego / Yoav Talmi – 1996 : Introduction insignifiante, l’entrée de la soliste ferait croire qu’ils avaient tous pris du Valium avant l’enregistrement, tout cela semblant enregistré dans le hall de la gare de San Diego, si elle existe. 4

Zimmermann / London symphony / Davis – 2003 : Introduction assez faible, manque d’allant, violons pâlots. Le tout, soliste compris, manque singulièrement de présence sonore. 6,5

Soucy / South West German Radio Symphony Orchestra / Cambreling – 2009 : Le soliste est le premier alto de l’orchestre. Introduction correcte. Soliste superbe de musicalité. Le tout est un peu lent à l’orchestre et carré. 7,5

Tamestit / Musiciens du Louvre / Minkovski – 2011 : L’introduction sautille un peu et se traîne à la fois. Beau jeu du soliste, mais l’ensemble manque de flamme. 7

Tamestit / London symphony / Gergiev – 2014 : Dès l’intro on retrouve un orchestre, mieux sonnant que la version précédente, mieux sonnant aussi qu’avec Davis.  La prise de son n’est pas exceptionnelle. Harpe un peu en retrait, soliste toujours élégant mais plus en situation. Une belle version. 7,5

2e mouvement – La marche des pèlerins

On restera avec ces 7 versions :

William Primrose Boston symphony orchestra Charles Munch 1958 00:12:12 00:06:46 00:06:33 00:12:30 9
Georg Schmid Bavarian radio-symphony orchester Rafael Kubelik 1964 00:14:18 00:08:28 00:05:53 00:08:44 9
Daniel Benyamini Israël Philharmonic Orchestra Zubin Mehta 1975 00:14:52 00:08:21 00:06:40 00:11:39 9
Gérard Caussé Orchestre Du Capitole De Toulouse Michel Plasson 1989 00:14:33 00:07:52 00:05:55 00:11:45 8,5
Bruno Pasquier Orchestre de Montpellier Cyril Diederich 1987 00:15:38 00:08:59 00:06:29 00:12:51 8
Pinkas Zuckerman Orchestre Symphonique de Montréal Charles Dutoit 1988 00:16:55 00:08:30 00:06:59 00:12:27 8
Ulrich Koch Sinfonie Orchester Des Südwestfunks Baden-Baden Jan Latham-Koenig 1992 00:16:13 00:08:42 00:08:18 00:12:03 8

Primrose / Boston / Munch – 1958 :  Quelques passages un peu heurtés entre le soliste et l’orchestre, sinon c’est très bien mené, notamment un decrescendo qui ne ralentit pas. 8

Schmid / Radio bavaroise / Kubelik – 1964 : C’est aussi bien conduit, avec plus de chaleur aux cordes, decrescendo plus prenant, soliste impérial. 8,5

Benyamini / Israël / Mehta – 1975 : Les indications sont moins respectées, un peu neutre. 7,5

Caussé / Toulouse / Plasson – 1988 : Très belles couleurs. 8

Pasquier / Montpellier / Diederich – 1987 : Superbe altiste, le tout est bien mené. 8

Zuckerman / Montréal / Dutoit – 1988 : Soliste manquant de présence, mais très belle sonorité d’orchestre. 8

Koch / Sinfonie Orchester Des Südwestfunks Baden-Baden / Latham-Koenig – 1992 : Soliste parfois un peu en retrait, mais belle ambiance. 8

4e mouvement – Orgie des brigands

(On passera sur le 3e mouvement, pas très signifiant…). On n’est pas dans l’Idée fixe de la Fantastique : les reprises des mouvements précédents sont explicitement indiquées. On ne sait pas quoi penser de l’œuvre finalement : est-ce vulgaire, facile, mal fichu ou au contraire génial, exaltant ? 2 choses sûres : cela donne une belle occasion de briller aux altistes dont le répertoire concertant est bien exigu et, durant tous ces jours d’écoute, l’Orgie n’a cessé de me trotter dans l’oreille… Disons, un peu faible mais exaltant.

Primrose / Boston / Munch – 1958 : pas grand chose à dire : superbe soliste (qui a peu à jouer), panache, respect de la partition. 8,5

Schmid / Radio bavaroise / Kubelik – 1964 : La prise de son est un peu trop dans l’aigu. C’est pris dans un tempo d’enfer, c’est génial, point et je m’arrête là, ça me suffit… Les autres versions restantes sont certainement excellentes. (Les rares personnes qui auront poursuivi jusqu’ici penseront que je suis un irrémédiable Kubelik addict : c’est une rencontre récente  avec Pierre Lenert qui m’a fait penser à faire cette revue d’enregistrements, je me souvenais que ce concert était superbe, mais pas à ce point-là…).

Berlioz - Harold en Italie

2 réflexions sur « Berlioz – Harold en Italie »

  1. Bonjour, je suis tombé par hasard (?) sur votre intéressant site; je suis un brin interloqué que vous ayez passé sous silence, dans vos commentaires, la version selon moi extra-ordinaire de Scherchen; chacun a ses préférences et ses parti-pris; je ne vous le reproche pas car je n’ai pas examiné et recueilli autant d’infos: pour ma part je connais au disque que les 2 Toscanini (remarquables), Scherchen donc, et C Davis, qui n’est même pas mentionné sauf inattention de ma part; pour mémoire, j’ai entendu dans ma ville, qd j’avais 20 ans (en 1979… ) un concert qui m’avait paru formidable, où G Amy dirigeait l’un orchestre français (radio-France?).

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